La Turquie brutalisée
Ainsi, le président Erdogan a réussi son pari et a « présidentialisé » le système politique turc à la faveur du référendum organisé le 16 avril 2017. Certes, sa victoire est courte (51,4 %) et surtout entachée de fraudes massives que le Haut Conseil électoral ne tente même plus d’occulter, mais comme Erdogan l’a rappelé, le « cavalier a déjà traversé la rivière1 ». En réaction au rapport préliminaire accablant de la mission d’observation conjointe de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce), démontrant que jusqu’à 5 % des votes comptabilisés pourraient être frauduleux2, il s’est contenté de préciser : « Ils préparent un rapport à leur goût. […] Nous ne tenons pas compte de tout rapport que vous pourriez préparer3. »
Paria du régime dans les années 1990, Erdogan peut désormais se présenter officiellement comme source et horizon de tout pouvoir, qu’il soit exécutif, législatif ou judiciaire : il ne dirigera pas seulement le pays, m