
La Pologne, miroir de l'Europe?
Le gouvernement du parti Droit et justice (PiS), mélange de mesures sociales, d’autoritarisme et de nationalisme, fait de la Pologne le mouton noir de l’Europe. Mais de nombreux partis européens tentent de récupérer un mécontentement général contre les politiques néolibérales des trente dernières années, que l’on peut comprendre comme une demande démocratique.
La victoire en 2015 du parti Droit et justice (PiS), dirigé par Jaroslaw Kaczyński, a étonné l’Europe. Laquelle gardait depuis vingt-cinq ans l’image d’un pays modèle, premier élève de la transition démocratique, dirigé par des hommes et des femmes remarquables, humanistes et européens convaincus. Certes un peu grincheux, parfois tatillons, mais des dirigeants de haute culture qui se nommaient Bronislaw Geremek, Tadeusz Mazowiecki ou Jacek Kuron. Une élite libérale et morale dont on appréciait l’efficacité, au point qu’en 2014, les chefs d’États européens choisirent l’un d’eux, Donald Tusk, pour présider leur Conseil.
Et puis, patatras ! Le nouveau gouvernement remet tout en cause, il tire un bilan négatif de ces vingt-cinq années, dénonce Lech Walesa comme un traître à la patrie, accuse le parti libéral de Tusk, la Plateforme civique (PO), d’avoir ruiné la Pologne, tient des propos vulgaires, insultants, anti-allemands et anti-russes. Un gouvernement qui prétend relever son pays qu’il dit mis à genoux par l’Union européenne, lui rendre sa fierté et réaliser « le bon changement ». Tout ce qui faisait, pour les démocrates européens, la grandeur de la Pologne depuis les grandes grèves de 1980 à Gdansk s’est effondré.
Immédiatement, sont revenues les explications déjà entendues au début des années 1990, lorsque la transition vers l’économie de marché semblait chaotique, avec la déferlante d’un chômage de masse et un