
Actualité du passé au cinéma
Trois films sur l’histoire, deux documentaires et une fiction, ont proposé récemment des discours novateurs sur la mémoire : Le Silence des autres (Almudena Carracedo et Robert Bahar), Santiago, Italia (Nanni Moretti) et Les Témoins de Lendsdorf (Amichai Greenberg). Il ne s’agit pas de films historiques, leur action se déroulant de nos jours, et leurs propos assumant la subjectivité de leurs intervenants et réalisateurs. Ces longs métrages sont donc avant tout importants par ce qu’ils révèlent, par les histoires et témoignages qu’ils mettent en scène, premières étapes vers la reconnaissance de fragments du passé jusqu’alors tus, ou peu discutés. Plus encore que des œuvres sur l’histoire, il s’agit de récits sur la révélation croissante de la vérité.
Une telle orientation du discours se lit ouvertement dans Le Silence des autres, qui suit le lent parcours d’une plainte, pendant la décennie 2010, de victimes du franquisme, qui doivent engager les poursuites en Argentine du fait de la loi d’amnistie espagnole de 1977, qui a pardonné légalement à la fois les agents de la dictature et les opposants de gauche. Deux héros juridiques et réels se démarquent : la juge argentine María Servini, responsable de l’enquête qui explique comment elle doit rester « froide et objective » malgré la violence des faits, et Carlos Slepoy, avocat principal de l’accusation, défenseur de la compétence