
Ni absolue, ni hypocrite ? La souveraineté dans l’ordre international
Le multilatéralisme consiste en une solidarité entre souverainetés qui vise à la stabilité de l’ordre international. Il s’oppose au souverainisme, qui multiplie les incertitudes et les menaces.
Malgré des visages différents, l’ordre international est structuré depuis les traités de Westphalie (1648) autour de la centralité des États, de leur territorialité et de leur indépendance. Aujourd’hui encore, « l’égalité souveraine » de ses membres est le premier principe mentionné par la Charte des Nations unies, emportant leur intégrité territoriale, leur indépendance politique, la non-ingérence et le non-recours à la force entre eux.
On peut pourtant observer que la centralité de la souveraineté sur le plan normatif, dans l’histoire des relations internationales, n’a d’égale que sa constante remise en cause dans les faits. C’est ainsi que pour Stephen D. Krasner, loin d’être l’absolu qu’elle paraît dans la lignée de sa conceptualisation par Jean Bodin et Thomas Hobbes, la souveraineté ne serait rien moins, sur la scène internationale, qu’une « hypocrisie organisée1 ». Si la norme elle-même correspond à l’intérêt des États et reste donc peu contestée, la souveraineté est en pratique largement contournée. De fait, l’idée d’un contrôle des États sur leur destin est en permanence mise au défi. Les États capables et désireux de s’isoler parfaitement de leur environnement extérieur sont rares, voire inexistants. Dès lors qu’ils s’intègrent dans un jeu de relations multiples avec le reste du monde, les décalages possibles entre souveraineté formelle et souveraineté r