
1939, écrire contre l'internement
L’histoire des camps d’internement de la fin de la IIIe République, qui ont accueilli des républicains espagnols, puis les « ressortissants ennemis » qui fuyaient le nazisme, doit prendre en compte les multiples soutiens de Français ordinaires.
L’histoire des camps d’internement, au temps de la IIIe République finissante, s’écrit souvent dans l’épouvante de ce qui va advenir, comme enfermée dans une généalogie qui mènerait à Vichy et à l’occupant nazi. Or, à se frotter aux archives, certaines inédites[1], se révèle une société internée diverse, complexe, traversée de hiérarchies sociales et de tensions entre nationalités. Se trouvent également conservées, dans ces fonds archivistiques, des lettres de Français et d’étrangers de toute condition, qui essaient de se faufiler dans les interstices de liberté laissés par les autorités pour réclamer la libération d’un interné. Ces paroles chorales, qui se font entendre jusqu’au mois de mai 1940, disent, collectivement, une forme d’hospitalité en dépit du camp qui nuance – et parfois met à mal – les analogies proposées entre l’internement républicain et la répression des années d’occupation.
Les républicains espagnols
Dès les premières semaines de 1939, près de 500 000 réfugiés venus d’Espagne passent la frontière enfin ouverte : les civils, puis les soldats de l’armée républicaine et les derniers combattants des Brigades internationales. L’arrivée en masse des réfugiés au col du Perthus, figée dans le noir et blanc de photographies devenues icônes, a laissé dans l’ombre d’autres chemins de montagne que des réfugiés empruntent en étroites colonnes. Tout au long de la route, des Français leur offrent réconfor