
Espace d'accueil
Pour qu’un espace soit accueillant, ses limites doivent être perméables, à l’encontre de l’obsession sécuritaire contemporaine ; la précarité urbaine doit être valorisée, à l’encontre de l’obsession de la rentabilité ; et les instances démocratiques locales doivent être renforcées, à l’encontre de la bureaucratie fonctionnelle actuelle.
Lors des réunions publiques du Front national, à l’occasion des élections présidentielles de 2017, il arrivait que les militants et sympathisants rassemblés scandent, l’air à la fois martial et ravi : « On est chez nous, on est chez nous ! » Voilà qui en dit long sur ce qui réunit les adeptes des thèses du parti d’extrême droite français – on trouverait des équivalents partout en Europe et bien au-delà. Il exprime la hantise d’un espace social, culturel et politique (un territoire) traversé et traversant, qu’on aurait à partager avec des individus de passage(s) et même avec toute personne appréhendée comme « étrangère » en raison de ses origines ou de celles de ses ascendants et de leur incompatibilité proclamée avec un « génie du lieu » – tous ceux qu’on considère comme intrus, à qui il convient de faire savoir qu’on ne peut les souffrir, ce que ce slogan dénote sans ambages.
Ouvert et traversant
Une des conditions nécessaires pour qu’un espace soit accueillant est son ouverture, c’est-à-dire la perméabilité de ses limites extérieures et intérieures et donc sa « traversabilité », fût-ce au prix d’un encadrement qui exclut certains périmètres, et ce quelle que soit la taille de l’espace considéré (un quartier, une agglomération, une région urbaine ou un É