
La fin de l’exception allemande ?
Longtemps épargnée par les crises qui ont touché ses voisins européens, l’Allemagne est rattrapée, depuis quelques mois, par les conséquences de l’épidémie. Le pays fait ainsi l’apprentissage de sa propre vulnérabilité, et voit s’affirmer en réponse des tendances eurosceptiques.
Nul ne pouvait prévoir que la fin du règne d’Angela Merkel marquerait aussi la fin de ce que la chancelière symbolise : l’exceptionnalité allemande. Tout semblait réuni pour que Merkel quitte le pouvoir, en septembre prochain, dotée d’une popularité à faire pâlir d’envie ses homologues. Après seize années à la tête du gouvernement fédéral, celle que l’on surnomme ici la « chancelière éternelle » (ewige Kanzlerin) était parvenue à convaincre ses concitoyens que l’Allemagne était, par nature, le bon élève de l’Union européenne. Épargné par la crise économique de 2008, le pays a pu imposer aux États membres son programme budgétaire. Se tenant en partie à l’écart des radicalisations politiques consécutives à cette crise, l’Allemagne a aussi présenté son organisation fédérale en exemple de stabilité institutionnelle au milieu d’une Europe en plein tumulte.
La force allant à la force, il a semblé que même le nouveau coronavirus épargnerait l’Allemagne. Un système hospitalier performant, des tests et des masques à profusion, une mortalité limitée : autant de raisons supp