
L'enseignant en porte-à-faux
Les élèves et les enseignants sont confrontés à une profusion d’informations au sein de laquelle ils doivent distinguer le vrai du faux. L’enseignant se retrouve dans une situation inconfortable de fact-checking : son discours est soit relativisé comme une position parmi d’autres, soit objet d’un soupçon lié à sa position sociale. Pourtant, le défi des élèves témoigne d’une quête de sens et fournit l’occasion de construire du commun.
Lorsqu’on demande à Ludovic, treize ans, comment fonctionne Wikipédia, sa réponse fuse et lui paraît frappée du sceau du bon sens : « Bah, c’est un gros ordinateur qui trie ce qui est vrai et ce qui est faux ! » Si la définition est mauvaise, l’élève n’en a pas moins saisi un enjeu très contemporain : comment discriminer le faux et le vrai dans un foisonnement titanesque de données. Mais après tout, combien de professeurs seraient à même d’expliquer le fonctionnement collaboratif du site ou même d’expliquer les critères de sélection de YouTube ou de Google ?
À l’heure d’Internet et des médias en continu, le métier d’enseignant est exposé à de nouveaux défis qui conditionnent amplement son quotidien. En classe, il est à un carrefour où se croisent savoirs, éthique, diversités culturelles et actualités. L’enjeu y est de taille : comment, dans sa pratique, en tenir compte et parvenir à hiérarchiser, donner du sens, ou même à déconstruire une vague indéfinie d’informations et de divers discours ? A fortiori lorsque ces discours s’entremêlent de manière parfois ambivalente et prétendent chacun à la véracité. Les fronts sont multiples dès lors qu’il s’agit d’apprendre à l’élève à élaborer un esprit critique, à interpréter des faits à partir de valeurs communes et selon des méthodes probes. Bien souvent, vidéos sensationnalistes, citations tronquées, montages orientés ou pire, dénégations d’événemen