
Obama et le domaine des Mères
La seconde autobiographie de Barack Obama, Une terre promise, met au jour une trajectoire politique et personnelle ponctuée d’« embardées », qui s’éloigne à de nombreuses reprises des voies toutes tracées. Elle révèle également l’importance de la figure de la mère dans l’inconscient collectif des Américains.
J’ai beaucoup aimé la première autobiographie de Barack Obama, Les Rêves de mon père, un livre exquis, mais je n’avais aucune intention de lire son dernier livre, Une terre promise1. Pourtant, anxieuse, pendant la pandémie, que le peuple américain se prononce aux urnes encore une fois pour Donald Trump, je l’ai commandé, en attendant les résultats des élections. Je crois que j’avais besoin de m’assurer que je n’avais pas rêvé. J’avais besoin d’un objet concret pour me rappeler qu’en effet, il n’y avait pas si longtemps, un homme, ayant fait preuve de compassion et sachant analyser histoires et logiques politiques, avait bien été élu président des États-Unis. Le livre est paru trois jours avant le résultat final des élections. Trop nerveuse pour lire, j’avais décidé d’écouter Obama lire son texte et j’avais encore sa voix dans les oreilles lorsque Trump a commencé à dénoncer le processus électoral.
Les embardées d’Obama
En écoutant Obama raconter son histoire, quelque chose de subtil a commencé à émerger. Au fil d’un chronos immuable s’est substitué un kairos providentiel. Si l’élection de Donald Trump s’était bel et bien imposée sur la chronologie linéaire, il était encore temps de mettre entre parenthèses l’espace-temps politique américain dans lequel Obama était intervenu. C’est de ce temps à part, de ce kairos, dont il s’agira ici. C’est lui q