
En attendant… la tendresse
« C’est une famille en pierre, pétrifiée dans une épaisseur sans accès aucun. […] Nous sommes ensemble dans une honte de principe d’avoir à vivre la vie. […] Toute communauté, qu’elle soit familiale ou autre, nous est haïssable. Nous sommes du côté de cette société qui a réduit ma mère au désespoir. À cause de ce qu’on a fait à notre mère si aimable, si confiante, nous haïssons la vie, nous nous haïssons. » Dans ce passage, Marguerite Duras parlait de son enfance mais, en relisant L’Amant (Minuit, 1984), trois décennies plus tard, nous sommes peut-être prêts à larguer les amarres pour y lire ceci : « À cause de ce qu’on a fait à la mer, à la planète… À cause de ce qu’on a fait à ceux de qui on a fait des esclaves, des orphelins, des torturés, des blessés, des serviteurs, des ouvriers, des otages, des prisonniers, des Sdf… À cause de ce qu’on a fait aux Algériens, aux Japonais, aux Juifs, aux Haïtiens, aux Palestiniens, aux Vietnamiens, aux communautés sur les continents africain, américain, australien et à tant d’autres communaut&e