
Le cœur de Brutus de Miguel Abensour
« Quiconque sondera ce puits : Quatrevingt-treize, Sentira se cabrer et s’enfuir son esprit. »
Miguel Abensour n’a pas bénéficié d’une notoriété publique à hauteur de l’originalité de son œuvre. C’est donc une initiative à saluer de la part d’Anne Kupiec de publier Le cœur de Brutus, qui rassemble plusieurs articles déjà publiés[1] mais aussi des inédits, en fidélité à un projet de livre formé par Abensour qu’il n’a pu mener à terme.
La sombre beauté du titre, qui pourrait légender un tableau de David, nous déroute plus qu’elle ne nous facilite l’accès au sens du livre. Ces quelques lignes d’une lettre de Saint-Just à un ami pourront servir d’appui : « Arrachez-moi le cœur et mangez-le, vous deviendrez ce que vous n’êtes point : grands ! » Texte pour le moins saisissant par sa sauvagerie sacrificielle, qu’elle soit païenne- « aztèque » ou christique, et qui vaut pour l’un ou l’autre des Brutus, celui de Tarquin comme celui de César. Il s’agit de Brutus-Sai