
De l’apesanteur des araignées de Jonathan Edwards
Trad. par Joël Cornuault
Voici un court texte du théologien Jonathan Edwards (1703-1758), remarquable arachnophile, passionné par le fil de soie que l’araignée déploie pour voler d’un point à un autre. Incroyable observateur des toiles d’araignées, entièrement fasciné par la géométrie de ces constructions fragiles et néanmoins efficaces, l’auteur note qu’« il est merveilleux de parvenir à voir aussi clairement à pareille distance ces toiles au soleil, leur finesse les rendant invisibles dans une autre position, aussi près de l’œil qu’elles soient placées ; certaines d’entre elles vues de loin semblent excéder (il ne peut en être autrement) plusieurs milliers de fois leur grosseur ». Ces araignées font du trapèze, elles voltigent sans filet et se déplacent avec une incroyable souplesse en empruntant des itinéraires aériens particulièrement précaires. « Si la longueur du fil n’est pas plus que suffisante pour égaler le poids de l’araignée, ils se trouvent suspendus ensemble in equilibrio, ne montant ni descendant, sauf à obéir aux mouvements de l’air. En revanche, dans le cas où la quantité de fil est telle que sa tendance ascendante, ou plutôt la force équilibrante que l’air exerce, est supérieure à la tendance descendante de l’araignée, ils monteront jusqu’à ce que l’air soit léger, jusqu’à ce qu’ils représentent un poids exactement égal à la quantité d’air concernée. » Ainsi, son observation traduit l’interdépendance entre les espèces vivantes et leur environnement, ce que nous désignons depuis peu par « biodiversité ».