Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !

Notes de lecture

Dans le même numéro

De l’apesanteur des araignées de Jonathan Edwards

Trad. par Joël Cornuault

janv./févr. 2022

Voici un court texte du théologien Jonathan Edwards (1703-1758), remarquable arachnophile, passionné par le fil de soie que l’araignée déploie pour voler d’un point à un autre. Incroyable observateur des toiles d’araignées, entièrement fasciné par la géométrie de ces constructions fragiles et néanmoins efficaces, l’auteur note qu’« il est merveilleux de parvenir à voir aussi clairement à pareille distance ces toiles au soleil, leur finesse les rendant invisibles dans une autre position, aussi près de l’œil qu’elles soient placées ; certaines d’entre elles vues de loin semblent excéder (il ne peut en être autrement) plusieurs milliers de fois leur grosseur ». Ces araignées font du trapèze, elles voltigent sans filet et se déplacent avec une incroyable souplesse en empruntant des itinéraires aériens particulièrement précaires. « Si la longueur du fil n’est pas plus que suffisante pour égaler le poids de l’araignée, ils se trouvent suspendus ensemble in equilibrio, ne montant ni descendant, sauf à obéir aux mouvements de l’air. En revanche, dans le cas où la quantité de fil est telle que sa tendance ascendante, ou plutôt la force équilibrante que l’air exerce, est supérieure à la tendance descendante de l’araignée, ils monteront jusqu’à ce que l’air soit léger, jusqu’à ce qu’ils représentent un poids exactement égal à la quantité d’air concernée. » Ainsi, son observation traduit l’interdépendance entre les espèces vivantes et leur environnement, ce que nous désignons depuis peu par « biodiversité ».

Grands Champs, 2021
24 p. 7 €

Thierry Paquot

Philosophe, professeur à l'Institut d'urbanisme de Paris, il est spécialiste des questions urbaines et architecturales, et participe activement au débat sur la ville et ses transformations actuelles. Thierry Paquot a beaucoup contribué à diffuser l'oeuvre d'Ivan Illich en France (voir sa préface à Ivan Illich, La Découverte, 2012), et poursuit ses explorations philosophiques du lien entre nature,…

Dans le même numéro

L’amour des marges. Autour de Michel de Certeau

Comment écrire l’histoire des marges ? Cette question traverse l’œuvre de Michel de Certeau, dans sa dimension théorique, mais aussi pratique : Certeau ne s’installe en effet dans aucune discipline, et aborde chaque domaine en transfuge, tandis que son principal objet d’étude est la façon dont un désir fait face à l’institution. À un moment où, tant historiquement que politiquement, la politique des marges semble avoir été effacée par le capitalisme mondialisé, l’essor des géants du numérique et toutes les formes de contrôle qui en résultent, il est particulièrement intéressant de se demander où sont passées les marges, comment les penser, et en quel sens leur expérience est encore possible. Ce dossier, coordonné par Guillaume Le Blanc, propose d’aborder ces questions en parcourant l’œuvre de Michel de Certeau, afin de faire voir les vertus créatrices et critiques que recèlent les marges. À lire aussi dans ce numéro : La société française s’est-elle droitisée ?, les partis-mouvements, le populisme chrétien, l’internement des Ouïghours, le pacte de Glasgow, et un tombeau pour Proust.