
Modernité et antihumanisme de Nicolas Tertulian
Édition Pierre Rusch
1914, 1917, 1933 : trois dates qui s’affichent au mur de l’histoire comme un renouvelé Mane, thecel, phares. Trois cercles de fer qui écrasent le cerveau de qui prétend et doit penser. Ceux qui se sont dérobés à cette réquisition et ont failli à l’honneur, de fait leur œuvre pèse le poids de la plume et non celui du mont Taishan. C’est bien avant tout à cette mesure que doit être rapportée toute une génération, celle des « sombres temps ». Pour aller trop vite : Bloch, Brecht, Benjamin, Arendt, Adorno, les frères Mann.
Et bien sûr, aux premiers rangs du front, Lukács qui, comme tous les autres, a buté sur l’énigme d’un pays des poètes et des penseurs qui s’abîme, d’une culture qui, fille du logos, consacre le triomphe de thanatos, même si tous les autres n’ont pas pensé comme lui que 1917 était la réponse à 1914 et l’arme absolue contre 1933. Chez lui, c’est encore plus frappant que pour d’autres, l’événement a introduit un clinamen décisif et définitif dans sa pensée : le brillant essayiste des années 1900 à l’inspiration existentielle et religieu