
L’amitié avec Claude Lanzmann de Michel Deguy
Ce livre émouvra tous ceux qui, comme Michel Deguy, se demandent « qui protégera la Shoah et Shoah, maintenant que Claude Lanzmann est parti ». Car il faut encore protéger l’histoire et sa représentation des récupérations touristiques, des négationnismes, voire de l’oubli du tragique, notion qui habite le recueil et le style de l’auteur, prompt à mélanger les grandes références à ses trouvailles linguistiques, dans un style aussi lyrique que sérieux.
Le style poétique de Michel Deguy transparaît le long des paragraphes de ce recueil, en particulier dans le long texte, auparavant publié dans Au sujet de Shoah (Belin, 1988), qui permet au lecteur contemporain de retrouver l’impression, la stupeur provoquée par le grand œuvre de Lanzmann sur les spectateurs lors de ses premières projections. Le présent recueil reproduit également quatre textes de Lanzmann, dont un bel hommage à l’historienne de la langue yiddish Rachel Ertel. Livre d’amitié, comme l’indique son titre, mais aussi essai sur les revues et le travail intellectuel collectif : plusieurs des textes sont issus de Po&sie, publication fondée et dirigée par Michel Deguy. L’auteur termine d’ailleurs l’ouvrage par un discours prononcé un an après la mort de son ami, en constatant comment, en juillet 2019, deux des événements intellectuels les plus marquants dernièrement sont la fin de la parution des Temps Modernes et la perturbation du colloque sur la Shoah en Pologne par des manifestants nationalistes et antisémites à l’Ehess en février 2019. Deux faits bien tristes peu après le décès de celui qui avait tant fait pour rendre visibles, compréhensibles malgré leur aspect inimaginable, la déportation et l’extermination. Ce livre émouvra donc tous ceux qui, comme Michel Deguy, se demandent « qui protégera la Shoah et Shoah, maintenant que Claude Lanzmann est parti ». Car il faut encore protéger l’histoire et sa représentation des récupérations touristiques, des négationnismes, voire de l’oubli du tragique, notion qui habite le recueil et le style de l’auteur, prompt à mélanger les grandes références à ses trouvailles linguistiques, dans un style aussi lyrique que sérieux.