
Vagabondes, voleuses, vicieuses de Véronique Blanchard
Véronique Blanchard dresse un portrait édifiant de la délinquance féminine juvénile du Paris des années 1950. Son travail se construit essentiellement à partir d’archives du tribunal pour enfants de la Seine, où une dizaine de juges sont en charge de cas individuels en lien avec la délinquance juvénile et la protection de l’enfance. L’auteure passe également en revue les archives du Refuge de Notre-Dame de Charité à Chevilly-Larue (dans le Val-de-Marne), monastère tenu par des sœurs où les jeunes filles étaient placées en observation. Elle recense également des dizaines de témoignages, des jeunes concernées en premier lieu, et leur redonne une parole et une liberté souvent occultées par les magistrats, psychologues, aides sociales et parents.
On redécouvre avec un certain enchantement l’atmosphère du Paris d’après-guerre, où la pulsion de fête traduit un grand besoin de légèreté et d’égalité nocturnes. Ainsi, les adolescentes, qui ont souvent grandi dans les quartiers populaires (Belleville, Ménilmontant, Bastille, etc.) ou dans la petite ceinture ouvrière (Montreuil, Vincennes, Joinville), témoignent de leur goût pour les bals de la rue de Lappe, les caves de Saint-Ge