
Édouard Glissant, l’éclat et l’obscur sous la dir. de Dominique Aurélia, Alexandre Leupin et Jean-Pierre Sainton
Les actes du colloque Glissant qui s’est tenu en Martinique en 2018, la première fois sur sa terre natale, sont désormais publiés. On ne saurait trop recommander à tous les citoyens du « Tout-Monde » de se plonger dans les quelque trente contributions signées par des spécialistes de sa pensée. Rappelons qu’Édouard Glissant – né Mathieu Godard à la Martinique le 21 septembre 1928, décédé à Paris le 3 février 2011 – fut à la fois poète, romancier, philosophe, et qu’il s’illustra même comme agitateur politique en créant en 1961, à Paris, avec quelques amis martiniquais, le Front des Antillais et Guyanais pour l’autonomie (en réalité pour l’indépendance), qui s’attira les foudres du pouvoir gaulliste et fut dissous au bout de quelques mois. Vingt ans plus tard, dans Le Discours antillais, Glissant expliquera pourquoi l’aspiration à l’indépendance des intellectuels était de toute façon vouée à l’échec, la population antillaise, dans son ensemble aliénée volontaire, ne la voulant pas. L’ouvrage traite surtout de la philosophie de Glissant1, dont les concepts (le gouffre, le chaos, l’opacité, le tremblement, la pensée archipélique, la mondialité, le divers et la relation) ne se laissent pas facilement pénétrer. On retiendra la contribution de Brenda Moore, qui se penche sur le concept de « gouffre ». Rappelant les trois significations du mot (la cale du bateau négrier, l’océan Atlantique, la mém