
Sur les rives de Tibériade de Rachel
Traduit de l’hébreu et présenté par Bernard Grasset
Avec Sur les rives de Tibériade, les Éditions Arfuyen achèvent la publication en version bilingue (hébreu/français) de l’œuvre poétique, critique et épistolaire de Rachel. On en doit la traduction, l’annotation et la présentation, toutes trois remarquables, à Bernard Grasset. Deux beaux recueils avaient déjà été proposés aux lecteurs francophones, Regain et De loin suivi de Nébo. Mais ce dernier ouvrage permet une approche des multiples talents de Rachel puisqu’il offre non seulement des poèmes inédits, mais aussi des essais et de belles pages de prose.
La figure de Rachel (1890-1931) est profondément attachante. Elle naît dans une famille de la bourgeoisie juive russe, pratiquante, cultivée et polyglotte. De formation artistique comme beaucoup dans sa famille, elle choisit toutefois, avant la Première Guerre mondiale, de partir en Israël et d’y vivre dans un kibboutz agricole. Cet attachement, on ne peut plus concret, à une terre qu’il lui faut cultiver, la conduira en France pour y perfectionner ses compétences d’agricultrice. Surviennent alors la guerre de 1914-1918 et pour elle des années de misère, puis un retour en Russie pour aider sa famille avant l’émigration définitive en 1919 et son installation au bord du lac de Tibériade. Mais la femme qui revient sur la terre qu’elle aime n’est plus la jeune fille pleine d’élan d’avant la guerre, la tuberculose dont elle mourra l’a atteinte et cette maladie l’obligera à quit