
La montagne-qui-fume de Michel de Leobardy
Leobardy procède par touches, figeant les sensations les plus persistantes et les plus personnelles ; il ne prétend pas être un guide qui dévoile une vérité cachée, mais plutôt un passant qui se laisse captiver par un paysage et un univers complexe.
Comment parler des lieux lointains et du lent apprentissage qui en accompagne la fréquentation ? Avec ce court texte, l’auteur nous entraîne à Mexico et nous confie des notes qui installent une intimité chaleureuse. La montagne omniprésente est le Popocatépetl, ce volcan majestueux et imposant qui domine la vallée de la capitale et ses alentours. Elle est cette présence symbolique qui a obsédé Malcolm Lowry pour son grand roman Sous le volcan (1947). Michel de Leobardy donne des clefs personnelles avant tout : il préfère souligner les troubles et les attirances que lui inspirent ce lieu aux relents archaïques, sans avoir la prétention de détenir une vérité à imposer. L’auteur est aussi peintre : son livre est marqué par un goût évident pour les textures et les couleurs, les beautés cachées et les formes intrigantes. Mais il brille surtout par une distance juste avec l’environnement, une sorte de respect pour le lieu et ses habitants. Cela n’exclut en rien les questionnements et les inquiétudes, mais leur formulation reste bornée par la sensibilité et la curiosité. Il fournit aussi quelques sources bienvenues et des citations utiles, sans tomber dans l’érudition stérile. Leobardy procède par touches, figeant les sensations les plus persistantes et les plus personnelles ; il ne prétend pas être un guide qui dévoile une vérité cachée, mais plutôt un passant qui se laisse captiver par un paysage et un univers complexe. Il en connaît la richesse et sait en rendre compte avec générosité. Ce livre a ainsi la vertu d’approcher un monde étranger en évitant les clichés et le déjà-vu.