
Fugue mexicaine de Chloe Aridjis
Dans ce troisième roman de l’Américano-mexicaine Chloe Aridjis, toujours écrit en anglais, mais situé pour la première fois au Mexique, vers la fin des années 1980 – son premier roman, Le Livre des nuages, racontait les errances d’une jeune Mexicaine dans Berlin et le deuxième, Déchirures, se situait dans la National Gallery de Londres, où l’héroïne, Marie, travaillait comme gardienne –, l’intrigue pourrait se résumer aisément si l’on s’en réfère au titre en français : pourquoi Luisa, une adolescente de 17 ans, décide-t-elle de fuguer avec Tomas, un camarade, potentiel petit ami, jusqu’à la plage de Zipolite, sous le vague prétexte de retrouver douze nains ukrainiens qu’une coupure de journaux dit enfuis d’un cirque soviétique en tournée ? Mais le fil narratif ne cesse de s’échapper, comme déplacé par l’impulsion d’un sentiment, l’observation d’un objet, le lien avec une lecture ou un événement historique. Le récit devient alors comme une poétique méditation sur le temps, sur l’espace, une mélancolique vision du désenchantement, un jeu subtil sur les mots, se rapprochant ainsi du titre original, à la fois mystérieux