
Ville contre automobiles. Redonner l’espace urbain aux piétons d'Olivier Ducharme
Le déplacement automobile est responsable d’une grande part des émissions de gaz à effet de serre, au Québec comme dans la plupart des régions urbanisées. Le dossier à charge contre l’automobile concocté par Olivier Ducharme, chercheur au Collectif pour un Québec sans pauvreté, est accablant. Le capitalisme a trouvé avec l’automobile l’objet magique pour se perpétuer, car tout habitant, quel que soit son revenu, en devient dépendant. Les villes sont conçues pour l’automobile : même l’architecte Frank Lloyd Wright, qui imaginait une ville « dispersée », une ville-paysage, la faisait reposer sur la voiture individuelle. Il est vrai qu’entre les deux guerres mondiales, le pétrole était si bon marché et si abondant… Dorénavant, nous savons que les énergies fossiles sont limitées et terriblement polluantes, et que, par ailleurs, l’automobile tue, stresse, encombre les trottoirs, exclut les piétons et esquinte les arbres. « L’automobile est du capitalisme roulant, écrit l’auteur, et l’automobile électrique est le modèle du capitalisme vert. » S’ensuit une démonstration écologique des méfaits de la voiture électrique ou hybride qui ne résout rien, y compris au Québec riche en lithium (utile pour la fabrication de batterie), en « houille blanche » et en subventions d’État pour l’acquisition d’un tel véhicule. L’auteur se replonge dans l’histoire du mouvement écologiste au Québec et constate qu’au début des années 1970 déjà, le procès intenté à la voiture était au point et que les solutions préconisées (marche, vélo, gratuité des transports publics, extension du réseau de transports en commun, vie de quartier, rapprochement logement/lieu de travail…) sont les mêmes qu’à présent ! Il ajoute que le réseau routier est entretenu par tous les contribuables, y compris ceux qui ne circulent pas en voiture ! Et s’inquiète de l’accroissement du parc automobile québécois… « Arracher l’automobile à la ville, remarque-t-il, revient à arracher une mauvaise herbe. » Que faire ? « Nous devons, propose-t-il, semer une nouvelle organisation du territoire urbain. » Si son plaidoyer est convaincant, il manque une analyse des mécanismes mêmes de l’addiction. Pourquoi l’automobile plaît tant ? Il nous faut reconnaître qu’elle est bien pratique, surtout dans des territoires mal desservis en transports publics. Rompre avec l’automobile réclame un tout autre mode de vie : d’autres temporalités pour d’autres territorialités.