
L’aide française au développement entre Kaboul et Bamako
Nouveaux défis et vieilles recettes
La loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales est mal adaptée à la nouvelle donne internationale. La politique d'aide française persiste dans des stratégies inefficaces, qui occultent la question centrale de la corruption et ne remédient pas au surendettement chronique des pays africains.
Dans un étonnant consensus de l’ensemble de la représentation nationale, les autorités françaises ont adopté la « loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales » qui prévoit d’accroître l’aide publique au développement (APD). Or, lors du sommet Afrique-France tenu à Montpellier en octobre 2021, l’APD a été vertement critiquée comme inefficace et paternaliste par les représentants supposés de la jeunesse africaine, qui préfèrent compter sur les propres forces de l’Afrique et de sa diaspora et dénoncent l’aide comme un soutien aux dictateurs. Par ailleurs, la période récente a été marquée par les détournements massifs de l’aide destinée à faire face à la pandémie de Covid-19, l’échec de la stratégie « Diplomatie, Défense, Développement » au Sahel et la dégradation de la situation financière de nombreux pays africains. Tout ceci jette une lumière crue sur les limites de l’aide dans sa forme actuelle et appelle à imaginer d’autres voies pour le prochain quinquennat.
La politique nationale d’aide au défi de la nouvelle donne internationale
Dans un article récent de cette revue1 consacré à la loi de programmation adoptée au premier semestre 2021, nous avons salué l’augmentation prévue de l’aide (13, 5 milliards d’euros en 2022) tout en pointant ses limites : adoption de la vieille cible fétiche de 0, 7 % du PIB, alors que celle-ci n’a plus de