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Flux d'actualités

La ville, fabrique de la démocratie ?

juin 2021

À l’heure où neuf Français sur dix vivent en zone urbaine, la ville est-elle encore un espace politique, ce lieu de délibération démocratique sur la manière dont nous vivons et vivrons ensemble, dont nous ferons société ?

Les scrutins municipaux, départementaux et régionaux auxquels les citoyens sont régulièrement conviés sont censés être un moment privilégié de débats sur les questions urbaines. Les processus de participation citoyenne, en croissance ces dernières années, ont trouvé dans ces enjeux – logements sociaux, logements en accession à la propriété, mobilité, politique culturelle, écologie de proximité… - des objets de prédilection. Et pourtant, alors même que l’image idéalisée de l’agora continue d’habiter nos imaginaires, l’idée de ville comme espace politique ne va plus de soi.

En 2008, l’anthropologue Marcel Hénaff publiait La ville qui vient, ouvrage dans lequel il interrogeait l’avenir de ce mode de vie et d’habitat à la fois très spécifique et millénaire. Paradoxalement nous dit Hénaff, la généralisation à la planète entière du mode de vie urbain s’accompagne de la disparition de la ville comme microcosme et macrocosme. La ville mondialisée, dominée par la logique du réseau, « ne fait plus monde », ne rassemble plus un « ensemble ». Au contraire, elle produit toujours plus d’entre soi, toujours plus de communautés fermées au nom d’un horizon individuel qu’il faut coûte que coûte préserver. D’où la nécessité selon Marcel Hénaff de réinventer pour la ville à venir des « espaces communs », et de revaloriser la ville comme espace de pratiques politiques.

Ce dossier, coordonné par Hacène Belmessous, explore quelques-unes des dynamiques contemporaines qui tentent de repolitiser la ville, d’en faire à nouveau un objet de débats, de conflits nécessaires à la vitalité démocratique, entre différentes visions de l’avenir : la ZAD comme utopie urbaine, hors de la ville et dans la ville de par les valeurs sociales que ses promoteurs défendent, la demande de participation des habitants dans les projets de rénovation urbaine qui les concernent, ou le militantisme en faveur d’une meilleure prise en compte des enjeux écologiques dans les projets d’aménagement.

À la question de savoir qui fabrique la ville aujourd’hui, la réponse est complexe, tant les acteurs qui y interviennent – publics et privés – se sont multipliés. D'autant que nombre d’élus locaux cèdent complaisamment aux exigences des lobbys. Quant à ses usagers, qu’ils habitent la ville, y travaillent, la visitent ou y consomment, ils sont également pluriels et ont parfois des intérêts divergents. En croisant les perspectives théoriques et militantes, les auteurs et autrices de ce dossier donnent à voir cette complexité, en faisant l’hypothèse qu’une autre manière de vivre et habiter la ville se cherche, et que l’espace urbain peut redevenir un des lieux de la démocratie


   

Ils prennent la ZAD pour une réalité urbaine

Hacène Belmessous | 21 juin 2021

Héritières des luttes menés sur le plateau du Larzac au cours des années 1970, la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, tout comme celle mise en place sur le Triangle de Gonesse, se fondent sur une aspiration à vivre et à habiter autrement. Elles tentent, ce faisant, d'instaurer un autre rapport à l'habitat, à l'espace, ainsi qu'à la participation politique.


   

Ce que participer veut dire. Réflexions à partir des grands projets à Saint-Denis

Cécile Gintrac, Diangou Traoré | 21 juin 2021

Dans les quartiers du Franc-Moisin et de Pleyel, ainsi que dans la ZAC de Saulnier, à Saint-Denis, les projets d'aménagement urbain sont menés via un simulacre de participation citoyenne, les décisions importantes étant arrêtées en amont. Des organisations comme le Comité de vigilance JO, à Saint-Denis ou le Collectif citoyen de Franc-Moisin cherchent à redonner la parole aux habitants.


   

La Seine n’est pas à vendre. Forces et limites d’une association militante

Bernard Landau, Gwenaël Querrien, Jean-Jacques Terrin
21 juin 2021

Les berges de Seine sont soumises à d'importantes pressions foncières et économiques, ainsi qu'à des projets d'aménagement anarchiques, menés sans aucune concertation par les communes riveraines. L'association La Seine n'est pas à vendre lutte contre ces pressions en faisant reconnaître le rôle du fleuve dans la vie des Franciliens, notamment en matière de climat urbain.


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