
Antonín Liehm : la culture européenne pour oxygène
La disparition d’Antonin Liehm, en fin d’année 2020, est l’occasion de revenir sur cette figure déterminante du « printemps de Prague ». Journaliste, écrivain, il fut un passeur de la culture française en Tchécoslovaquie, ainsi qu’un animateur de la vie culturelle en Europe occidentale, grâce à la revue Lettre internationale.
Antonín Jaroslav Liehm (ou AJL) est né le 2 mars 1924 à Prague, où il est décédé le 4 décembre 20201. En Europe centrale, la traversée du siècle dernier a été marquée par des ruptures et des drames collectifs et individuels à répétition. C’est ainsi que la génération d’AJL a été frappée par le choc de Munich et d’une occupation de six années qui explique le ralliement d’une partie des jeunes gens de l’époque au communisme. Dans les trajectoires évoquées par Antonín Šnejdárek, professeur d’histoire à la Sorbonne, Karel Bartošek, historien au CNRS, Ivo Fleischmann, poète et conseiller culturel, ou Antonín Liehm, tous finalement exilés en France, cette expérience a été déterminante, l’appartenance à la petite bourgeoisie tchèque de la majorité d’entre eux n’ayant pas été un frein à cet engagement initial de 1945, voire à une participation plus ou moins active aux excès du stalinisme. Ils se sont ensuite expliqués diversement sur cet engagement, hésitant parfois à le répudier, quels qu’aient pu être leurs errements. Certains choisirent une autre voie. Tel Vladimir Peška, un des leaders des milliers d’étudiants de l’université Charles, appelant le président Beneš à résister aux communistes en février 1948 et partant en exil quelques mois plus tard avant de dispenser ses connaissances de la littérature tchèque. Tels aussi Jan Vladislav, figure d’une haute intégrité, grand traducteur de poésie, écrivain et enseig