
Marc Fumaroli
La littérature ou le « bonheur d’admirer »
La disparition récente de Marc Fumaroli est l’occasion de revenir sur la vie et l’œuvre de cet académicien, critique littéraire et historien de premier rang, qui voyait dans l’héritage classique de la langue française et dans le plaisir de la conversation les principes d’une sociabilité heureuse.
« Malgré Jupiter même et les temps orageux1. »
« Le goût académique aujourd’hui est devenu trop rare pour ne pas être tenu pour une grande vertu ». Ce satisfecit malicieux accordé à une institution qui fut souvent en délicatesse avec les Modernes dit le scepticisme qu’inspirait à Marc Fumaroli un paysage littéraire contemporain trop souvent subordonné à l’appel d’air médiatique d’une « culture de masse ensauvagée » et à ses têtes d’affiche. Il y a certes dans ce jugement sévère le « parti pris2 » éthique, esthétique et politique d’un historien de la culture classique qui sait – et qui a démontré, immenses travaux à l’appui – comment la France est devenue cette « nation littéraire » qui, longtemps, a détenu la maîtrise de la longue mémoire européenne. Mais l’on sait aussi que l’académicien, à l’instar de ces jésuites mondains dont il admirait la brillante efficacit&e