
Le droit à l’avortement, une conquête fragile
L’interruption volontaire de grossesse est l’objet d’âpres batailles dans de nombreux pays du monde. Un rapide panorama de la situation actuelle permet de saisir combien le droit à l’avortement est un acquis récent, et encore vulnérable.
Le 5 avril 1971, des femmes publient le « Manifeste des 343 salopes ». Elles réclament un avortement libre et gratuit contre une clandestinité qui leur fait éprouver la honte d’être des femmes. Elles tiennent une parole politique au nom de l’émancipation : leur corps leur appartient et non plus à l’État, ni à une famille ou à un enfant dont elles ne veulent pas. Le 17 janvier 1975, la loi Veil est promulguée.
En 2020, le droit à l’avortement est sévèrement contesté dans trente-deux pays. Les gouvernements des États-Unis, du Brésil, de la Hongrie ou encore de l’Égypte affirment la volonté d’une souveraineté nationale pour les lois liées à l’interruption volontaire de grossesse. L’avortement n’est pas l’affaire des femmes, mais de l’État, qui peut condamner un tel droit et agir contre la liberté de sujets de droit. De tels États affirment la persistance du patriarcat, piétinant les droits des femmes acquis par des luttes continues. Ni liberté, ni égalité, au nom de normes morales, religieuses ou culturelles manipulées politiquement. Les avortements clandestins ne sont pas qu’une affaire de non-droit ; ils se font au détriment de la santé des femmes et de leur s&e