
Politique culturelle, le creux de la vague
La dissémination des prérogatives du ministère de la culture en de multiples missions confiées à des personnalités a considérablement affaibli sa marge de manoeuvre. Il y aurait pourtant tant à faire et à réinventer.
Nous fûmes nombreux à nous réjouir de la nomination de Françoise Nyssen à la tête du ministère de la Culture. C’était un vent nouveau : une personnalité originale qui avait à son actif une des plus belles réussites du monde éditorial.
Ce fut, et c’est encore, une course de handicap : une mission sur le patrimoine confiée à Stéphane Bern, une mission sur les bibliothèques attribuée à Erik Orsenna, une mission sur la francophonie portée par Leïla Slimani, une loi sur l’audiovisuel qui pour l’instant se résume à un peu de choses et qui se traite à Matignon et à l’Élysée bien plus que rue de Valois, et, pour couronner le tout, une Haute autorité pour la transparence de la vie publique qui retire à la ministre la politique du livre, plus d’un an après sa nomination, pour cause de conflit d’intérêts potentiel.
Voilà un portefeuille singulièrement amputé. Le livre, l’audiovisuel, la francophonie, le patrimoine en ont été écartés ou doivent être partagés. Certes, il reste beaucoup à faire : une maison commune de la musique devrait voir le jour. On l’attend. On l’espère. Côté cinéma, le train-train du Cnc fonctionne plutôt bien, le budget est élevé, fort des diverses taxes qui l’alimentent. Malgré la concurrence féroce des géants d’Internet, Netflix et Amazon, devenus des acteurs puissants produisant des films de qualité et menaçant l’équilibre induit par la chronologie des médias, le cinéma ne va pas trop mal, et les salles obscures continuent d’attirer un public qui