
Mathieu Amalric, créateur par divergences
La filmographie de Mathieu Amalric fait montre d’une grande subtilité dans le rôle qu’elle accorde au montage pour déconstruire et recomposer la chronologie, croiser et confronter les perspectives. Malgré une relative économie de moyens, le cinéaste parvient à produire une œuvre riche et surprenante.
En 2013, devant renoncer à son projet d’adaptation du Rouge et le Noir et motivé par le producteur Paulo Branco, Mathieu Amalric se décidait à adapter le roman policier de Georges Simenon, La Chambre bleue. Ce faisant, ses trois derniers films, avec Barbara (2017) et Serre-moi fort (septembre 2021), sont des commandes : deux adaptations littéraires et une biographie filmée, des œuvres à petit budget. Mais ils peuvent aussi se voir comme les tentatives d’un cinéaste de continuer à filmer, de surmonter un blocage artistique et financier par rapport à l’œuvre de Stendhal. La singularité d’Amalric, dans le cinéma français, reste son cumul d’une carrière d’acteur célébré dans son pays et ailleurs (deux Césars, un second rôle chez Spielberg, l’interprétation du méchant dans un James Bond) et d’un parcours de cinéaste. Une seconde voie de création qui passe également par les courts et les moyens métrages, l’acteur ayant notamment consacré des documentaires au dessinateur Joann Sfar et à la chanteuse d’opéra et cheffe d’orchestre Barbara Hanigan.
Ainsi, la réussite artistique et populaire d’Amalric est d’être devenu un acteur complet et intense sans jamais avoir suivi de formation de comédien, et de maintenir une carrière d’acteur-réalisateur, schéma assez rare aujourd’hui en France, bien qu’Alexandre Astier et Guillaume Canet viennent également à l’esprit.
De façon surprenante, La Chambre bleue, Barbara et Se