
Le libéralisme introuvable
À l’aube de la campagne présidentielle, le retour au libéralisme se présente comme une promesse non tenue d’Emmanuel Macron. L’enchainement des crises (Gilets jaunes, pandémie, attentats) a favorisé une action policière rivée au thème de l’urgence et produit des politisations malheureuses, qu’il est crucial de traduire institutionnellement.
La victoire d’Emmanuel Macron en 2017 devait marquer le rendez-vous tardif de la France avec le libéralisme. Certes, l’« ancien monde » avait déjà donné beaucoup de gages aux dogmes de la dérégulation des marchés et de la concurrence libre et non faussée. Mais ce qui était libéral sur le plan économique s’avouait rarement comme tel, s’affublant même de l’adjectif « social » afin de satisfaire le tropisme égalitaire prêté aux Français. Surtout, le libéralisme pratiqué en France était amputé de sa dimension juridique originaire : sous la Ve République, la séparation des pouvoirs et la sanctuarisation des libertés individuelles ont rarement été portées comme des étendards. Sur le papier, l’élection de 2017 semblait devoir réparer cette anomalie. Le nouveau président annonçait sa « révolution » sous le double signe d’une économie libérée des entraves de l’administration et d’un État « veilleur de nuit », garant des libertés publiques1.
Quatre ans après l’élection, la réconciliation avec le libéralisme n’est plus à l’ordre du jour. Que l’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, il vaut la peine de se demander pourquoi la promesse libérale du macronisme s’est abîmée dans la perpétuation indéfinie des états d’urgence et l’organisation du quotidien autour des QR codes. Il ne s’agit pas tant de présenter un bilan du quinquennat que de comprendre les raisons de ce nouveau rendez-vous manqué de la Fra