
Bruno Latour et le travail politique de la nature
Si la crise climatique que nous traversons donne à l’œuvre de Bruno Latour une actualité si forte, c’est qu’il identifia très tôt l’irruption de la nature comme acteur politique à part entière, et qu’il en tira les conséquences sur la nécessaire redéfinition du travail politique. Son travail fut discuté dans Esprit dès la fin des années 1990, et il y publia trois de ses derniers articles.
« Adam, où es-tu ? ». Prêcher à l’époque de l’Anthropocène
Anne-Sophie Breitwiller, Bruno Latour, Frédéric Louzeau, juillet août 2021
À l’ère de l’Anthropocène, les cosmologies se renouvellent. La réalité physique, conçue comme étendue inerte par les Modernes, devient une zone critique dans laquelle notre vie s’enracine. La défense du climat pourrait se nourrir de l’eschatologie chrétienne, où l’amour du prochain se dévoile comme consubstantiel à un engagement écologique inédit.
Quel État peut imposer des « gestes barrières » aux catastrophes écologiques ?
Bruno Latour, juillet-août 2020
La crise sanitaire a soulevé des questions qui deviendront centrales dans la gestion du changement climatique, notamment celle du rapport entre exigences des gouvernements et acceptabilité sociale. Tout change s’il s’agit, non pas de maintenir ou d’accélérer la production pour avoir plus à redistribuer et le faire plus équitablement, mais d’assurer le maintien des conditions de subsistance de tous les participants nécessaires à l’habitabilité du monde.
Les nouveaux cahiers de doléances. À la recherche de l’hétéronomie politique
Bruno Latour, mars 2019
Le grand débat national aurait-il pu remettre en mouvement la parole politique ? Dans ce texte de 2019, Bruno Latour estime qu’on a mis la charrue avant les bœufs en voulant débattre du choix de solutions, alors que personne, du haut en bas de l’échelle, n’a la plus petite idée sur la manière de sortir nos sociétés de l’impasse sociale et écologique.
Une Terre sans peuple, des peuples sans Terre.
Entretien avec Bruno Latour, janvier-février 2018
Dans cet entretien de 2018, Bruno Latour reprend le fil des questions posées dans ses deux derniers ouvrages – Où atterrir ? et Face à Gaïa –, notamment celui de la nécessaire reformulation de notre projet politique : entre la mondialisation post-humaine et le repli nationaliste, la question écologique nous oriente vers le sol terrestre. Il reste à trouver un peuple qui lui corresponde.
Une sociologie très catholique ? À propos de Bruno Latour
Nathalie Heinich, mai 2007
Sociologue de la science et des techniques, Bruno Latour expose dans son dernier livre un double programme : « changer la société, refaire la sociologie ». Est-ce à dire que les deux exigences avancent ensemble ? Que peut-on attendre de la sociologie ? Comment peut-elle élargir son programme d’enquête sur la société sans dissoudre son identité ?
Deux lectures de "Politiques de la nature" de Bruno Latour : un apport à la philosophie politique
Luc Boltanski, juillet 2000
Dans cette discussion de l’ouvrage de Bruno Latour, Politiques de la nature, Luc Boltanski estime que sa grande originalité est d’introduire les sciences dans l’arène politique, et de faire entrer les « non-humains » dans une relation politique avec les humains. Cette reformulation des grandes catégories constitutives du monde constitue bien l’armature d’une nouvelle philosophie politique.
Deux lectures de "Politiques de la nature" de Bruno Latour : des outils critiques à revoir
Jean-Louis Fabiani, juillet 2000
Jean-Louis Fabiani estime que, face à l’irruption de questions nouvelles posées par le développement scientifique et des artefacts, Bruno Latour a raison d’inviter à ne plus fonder notre pratique politique sur les anciennes divisions de l’humanisme. Mais l’ouvrage pèche par la simplification historique qu’il opère sur vingt-cinq siècles, au cours desquels une force de « police épistémologique » se serait employée à faire appliquer la partition platonicienne entre nature et politique.