
Catholicisme, une voie de refondation
L’ampleur des scandales liés à la pédophilie dans l’Église révélée par le rapport de la Ciase conduit à s’interroger sur la prétention de l’Eglise à occuper une position métahistorique, hors-du-monde et imperméable au jugement extérieur. Cette interrogation pourrait servir de base à une nouvelle façon d’articuler révélation biblique et vie en société.
Il y a bien des raisons de s’inquiéter de la situation du catholicisme en Occident, la plus évidente de ces raisons étant la pédophilie ecclésiastique et les scandales à répétition qui s’ensuivent. Mais on peut se demander si, à n’examiner que la suite des accusations et des répliques, on ne s’enfonce pas dans le tohu-bohu. Si l’essentiel n’est pas l’étiolement ni même l’épuisement, au bout d’une série d’émancipations et de querelles, de la prétention, de la part du catholicisme, de rester le précepteur de peuples dont il a été une matrice. C’est sur cette échéance que l’on doit s’interroger.
Plus que le rappel des défaillances de telle ou telle autorité, un tableau d’ensemble peut servir de point de départ. Le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) renvoie à une enquête de Santé publique France sur les agressions sexuelles subies avant leur majorité par les Français adultes en 2016 : 5 500 000 agressés, soit 10, 61 % (14, 5 % des femmes, 6, 4 % des hommes). Ces agressions étaient survenues dans les familles (5, 7 %), dans un cadre amical (1, 8 %), dans le cadre d’activités liées à l’Église (1, 98 %) ou ailleurs (1, 13 %). On ne peut donc pas dire que le clergé catholique est le centre de la pédophilie en France. Mais on pourra conclure que la violence pédophilique a en France deux foyers très différents. Le principal est la famille, où les violences incestueuses paraissent toucher davantage les filles ; l’autre pôle, second