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L’idéologue du régime

Wang Huning, cet ancien professeur de science politique devenu un des plus hauts dirigeants du Parti communiste chinois, est l’idéologue en chef du régime. Dans les années 1990, son « néo-autoritarisme » mettait l’accent sur la liberté économique, afin de s’attirer la sympathie des réformateurs du Parti tout en préservant un pouvoir plus dictatorial que jamais, soutenu par les conservateurs.

Le « plus important des théoriciens politiques de la Chine de Xi Jinping », le « cerveau du régime », voire « l’homme le plus dangereux au monde » : les superlatifs ne manquent pas pour qualifier le rôle de Wang Huning1. Aujourd’hui membre du Comité permanent du Bureau politique, la plus haute instance dirigeante du Parti communiste chinois (PCC), cet ancien professeur d’université s’est progressivement imposé comme l’idéologue en chef du régime. Il a joué un rôle fondamental dans l’élaboration des concepts clés prônés par les trois derniers dirigeants du pays : les « trois représentations » de Jiang Zemin, le « développement scientifique » ou la « société harmonieuse » de Hu Jintao, et dernièrement le « rêve chinois » de Xi Jinping2. Si l’intérêt des médias occidentaux pour Wang Huning est récent, son influence ne l’est pas : il incarne une véritable continuité idéologique de l’État-Parti. Recruté par le président Jiang Zemin en 1995, Wang Huning fait partie des rares personnes à avoir exercé une aussi forte influence auprès du pouvoir chinois pendant aussi longtemps, en dépit des changements d’équipes dirigeantes.

Pour comprendre l’ascension de Wang Huning, il faut remonter à la fin des années 1980 et au début des années 1990, au moment où il fait partie de ceux à qui le PCC fait appel pour préserver son unité politique. Le régime fait alors face à deux défis : le tournant des réformes lancées par Deng Xiaoping, qui se traduit par un abandon du système maoïste, mais également les conséquences politiques, économiques et sociales de ces réformes, qui débouchent sur une exigence de démocratisation dans la société. Pour s’adapter à une Chine en pleine évolution, se maintenir au pouvoir et ainsi échapper au sort de l’Union soviétique, le Parti cherche alors à renouveler son idéologie. À cette époque charnière, Wang Huning, jeune chercheur en science politique, rédige plusieurs travaux universitaires dans lesquels il légitime la réforme auprès des conservateurs marxistes et des réformateurs, les deux lignes qui s’opposent au sein du Parti. Cela lui permet d’apparaître comme un idéologue idéal.

Une jeunesse studieuse

Au cours de sa jeunesse recluse et studieuse, Wang Huning se tient à l’écart de la ferveur révolutionnaire de la période maoïste. Son parcours est donc assez différent de celui des intellectuels issus de la « génération sacrifiée » des gardes rouges, dont beaucoup deviendront ensuite des intellectuels libéraux, comme Xu Youyu, Qin Hui ou encore Zhu Xueqin3. Né en 1955 à Shanghaï, Wang Huning est adolescent pendant la Révolution culturelle et jeune adulte pendant le « mouvement d’envoi des jeunes instruits à la campagne ». Il ne s’engage dans aucun de ces deux mouvements et préfère se consacrer aux études. Après avoir terminé son parcours en lycée en 1972, il intègre donc l’Université normale de la Chine de l’Est à Shanghaï en tant qu’étudiant ouvrier-paysan-soldat (gongnongbing xueyuan)4, où il effectue des études de français, puis un master en droit à la prestigieuse université Fudan. Il rédige sa thèse sur la genèse du concept de souveraineté chez les théoriciens français, de Jean Bodin à Jacques Maritain5. En 1985, ce parcours brillant lui ouvre les portes de l’enseignement : il devient le plus jeune professeur associé de toutes les universités du pays. En 1989, alors que ses congénères érigent une statue de la liberté sur la place Tian’anmen, il est nommé directeur du département de politique internationale de l’université Fudan.

Wang Huning entend mettre les sciences politiques occidentales… au service de l’État-Parti.

Wang Huning est encore étudiant lorsqu’il assiste au passage de l’époque maoïste à celle des réformes, lancées par le nouveau dirigeant Deng Xiaoping. À partir de 1978, de nombreux intellectuels persécutés pendant la Révolution culturelle sont réhabilités. Wang Huning fait partie des premiers jeunes chercheurs en science politique de la Chine communiste à avoir accès à des ouvrages occidentaux. Il en traduit certains6 et s’en inspire pour mener ses recherches. Il fait aussi partie des premiers à avoir le droit de voyager librement dans les « pays capitalistes ». Il se rend aux États-Unis, dans les universités de l’Iowa et de Berkeley, en tant que professeur invité en 1988, à Singapour en 1993 ou encore au Japon en 1994. Un parcours international, rare pour l’époque, qui ne le conduira cependant pas, à la différence des intellectuels chinois libéraux, à voir dans le modèle politique occidental l’étalon sur lequel doivent être calquées les réformes en Chine. Contrairement à ces derniers, il entend mettre les sciences politiques occidentales… au service de l’État-Parti.

La crise de 1989 et le néo-autoritarisme

Wang Huning soutient les réformes, mais il s’inquiète des conséquences de celles-ci sur la stabilité du système politique. Les débuts de la libéralisation font en effet entrer la Chine dans une crise qui se traduit par une hausse du chômage, de l’inflation, de la corruption et des inégalités. C’est dans ce contexte qu’éclate, en avril 1989, le mouvement pour la démocratie, réprimé dans le sang sur la place Tian’anmen le 4 juin. Soucieux des risques que cette crise fait peser sur l’intégrité du régime, Wang Huning participe, avec d’autres intellectuels, à la formation d’un nouveau courant : le « néo-autoritarisme ».

Évoquée pour la première fois en janvier 19897, sa doctrine considère que la Chine ne pourra atteindre la démocratie représentative qu’en passant par une longue phase transitoire. Les conditions de la démocratie n’étant pas encore réunies, il s’agit de trouver une troisième voie entre le communisme et le libéralisme en mettant l’accent sur la liberté économique, tout en préservant un pouvoir dictatorial qui se veut désormais moderne8. En clair, la Chine doit trouver sa propre voie vers la démocratie, comme le pense l’une des figures de pensée du néo-autoritarisme, Xiao Gongqin9. Wang Huning formule, au début des années 1990, des notions telles que la « souveraineté culturelle » des pays en développement contre l’hégémonie culturelle des pays du Nord10, ou encore la nécessaire « coexistence pacifique » des pays socialistes et capitalistes11. Ses travaux portent aussi sur les défis liés à l’industrialisation et à l’urbanisation, la fiscalité, les relations entre les gouvernements locaux et le pouvoir central, ou encore sur la corruption. Il est également fasciné par la technicisation de la gouvernance politique, qu’il considère comme un outil pouvant être mis au service de l’État chinois.

À la fin des années 1980, les écrits de Wang Huning intéressent certains hauts cadres du Parti, surtout ceux appartenant à une nouvelle faction alors en pleine ascension : la « clique de Shanghaï ». En 1989, celle-ci apparaît comme une troisième voie, tandis que le PCC est divisé entre les réformateurs et les marxistes orthodoxes12. Au lendemain de la répression du mouvement démocratique, Deng Xiaoping décide de confier le poste de secrétaire général du Parti à une figure centrale de la clique de Shanghaï : Jiang Zemin, en remplacement du réformateur Zhao Ziyang, qui refuse de soutenir la loi martiale contre les manifestants de la place Tian’anmen. Jiang Zemin doit alors restaurer la confiance des membres du PCC dans la réforme. C’est notamment pour cette raison qu’il recrute Wang Huning au sein du Bureau central de recherche sur les politiques publiques du Comité central, en 1995. Le professeur d’université abandonne alors sa carrière académique pour se lancer dans la préparation des discours politiques des XIVe et XVe Congrès du PCC, dans lesquels on retrouvera les principales thématiques qu’il a développées en tant que chercheur, comme l’idée que la réforme politique doit être adaptée aux conditions historiques, sociales et culturelles de la Chine.

Rassurer les marxistes orthodoxes

La pensée de Wang Huning permet de donner des gages au courant conservateur du Parti et plus précisément aux marxistes orthodoxes. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, ces derniers se montrent très sceptiques vis-à-vis de la restauration de l’économie de marché : ils craignent qu’elle ne débouche sur les mêmes effets que la réforme de Gorbatchev en Union soviétique. Le choix de Wang Huning, qui ne fait pas mystère de son soutien au marxisme et au matérialisme historique, a donc de quoi les rassurer. Wang affirme ainsi que les hommes ne peuvent pas contrôler le développement de la société et que ce contrôle n’existe que dans les limites du développement des forces productives et du niveau des rapports de production13.

Pour réconcilier les marxistes orthodoxes avec la réforme, Wang Huning leur offre une nouvelle idéologie qui prolonge l’interprétation du marxisme proposée par Deng Xiaoping. À l’instar de Deng, Wang Huning présente le passage à l’économie de marché comme un ajournement du communisme, qu’il considère comme nécessaire compte tenu du retard de la Chine dans le développement des forces productives. Il rappelle que la Chine ne se trouve de toute façon que dans « l’étape primaire du socialisme » et cite même pour cela Friedrich Engels, avec l’idée que le développement des forces productives fera émerger une société d’abondance dans laquelle toute forme de coercition deviendra superflue, favorisant le dépérissement de l’État. Ainsi le passage au communisme n’est pas abandonné, mais simplement conditionné au développement futur de la Chine et renvoyé à plus long terme. Wang va même jusqu’à présenter la réforme comme une stratégie de survie pour le socialisme, selon le même principe que la « nouvelle politique économique » lancée par Lénine en 192214.

Les marxistes orthodoxes s’inquiètent également de la réhabilitation du rôle de la bourgeoisie. En s’appuyant sur les arguments de Deng Xiaoping, Wang Huning soutient que cette réhabilitation est nécessaire pour moderniser le système socialiste. Au début des années 1990, il explique ainsi que la persécution de la bourgeoisie chinoise pendant la Révolution culturelle a débouché sur un désastre pour le pays. Il rappelle aussi que la bourgeoisie chinoise fait partie du peuple, en référence au principe maoïste selon lequel le peuple chinois comprend la classe ouvrière, les paysans, les intellectuels, mais également la bourgeoisie patriote. On retrouve ici toute l’ambiguïté que le PCC entretient avec la bourgeoisie depuis ses origines : du fait qu’il se réfère au marxisme, le Parti ne peut pas explicitement soutenir l’exploitation capitaliste, mais il a besoin du rôle « progressiste » de la bourgeoisie pour moderniser les forces productives dans une Chine trop arriérée. À ce titre, Wang Huning affirme d’ailleurs que la révolution de 1949 n’a pas suffi pour permettre à la Chine de sortir totalement de l’époque féodale15.

Rassurer les réformateurs

Les marxistes orthodoxes ne sont pas les seuls que Wang Huning cherche à rassurer sur la nouvelle politique lancée par Deng Xiaoping au sein du Parti. Pendant toutes les années 1980, les réformateurs constatent de plus en plus le retard du développement des droits démocratiques qu’ils espéraient voir émerger avec les réformes. Ce constat devient encore plus évident au lendemain de la répression du mouvement de Tian’anmen en juin 1989. Nombre d’entre eux, et c’est le cas du secrétaire général Zhao Ziyang, souscrivent toutefois à la théorie du néo-autoritarisme, c’est-à-dire à l’idée que ces droits peuvent être octroyés progressivement par un Parti communiste qui se maintient au pouvoir, au cours d’une longue période de transition vers la démocratie libérale. Pour Zhao Ziyang, la Chine devra de toute façon adopter, à terme, un régime parlementaire et multipartite16.

Les idées de Wang Huning peuvent convenir aux réformateurs, dans la mesure où il reconnaît que le régime chinois est à l’époque trop autoritaire, tout en affirmant que le développement économique permettra d’en atténuer le caractère coercitif. Il prétend que la forme autoritaire de gouvernement ne peut pas encore être dépassée en Chine, au moins aussi longtemps que le niveau des ressources n’aura pas répondu aux besoins de la société dans son ensemble. Ce raisonnement repose sur l’idée que plus les ressources seront élevées, plus le gouvernement sera en capacité de répondre aux demandes de la société et moins il aura besoin d’avoir recours à la coercition. Pour défendre cette vision gradualiste et économique de la démocratie, Wang Huning va jusqu’à affirmer que les pays occidentaux seraient passés par le même processus : monarchie, démocratisation, démocratie participative – processus qu’il associe à un autre : accumulation primitive du capital, révolution industrielle, progrès technologique moderne.

Si Wang Huning soutient une transition graduelle au cours de laquelle le PCC se maintient au pouvoir, il se distingue cependant des penseurs néo-autoritaires qui soutiennent la démocratie libérale. Il ne croit pas à l’avènement de cette dernière ou au pluralisme politique à long terme. Il prend ici le contrepied de la vision du politologue américain Francis Fukuyama, alors en vogue dans la première moitié des années 1990, pour qui l’enrichissement de la population se traduit inéluctablement par l’émergence d’une classe moyenne qui, dans sa quête de reconnaissance, revendique la liberté d’expression, de réunion, de circulation, mais aussi le droit de vote17. Wang Huning soutient au contraire la vision marxiste des droits, c’est-à-dire celle des droits économiques et sociaux, ou réels et prolétariens, par opposition aux droits civils et politiques, abstraits et bourgeois, dans laquelle les partis politiques bourgeois doivent être privés du droit de concourir à des élections. C’est d’ailleurs pour éviter que la Chine ne suive le destin mentionné par Fukuyama et pour éviter l’autonomisation de la classe moyenne par rapport au Parti que Wang Huning va proposer la théorie des « trois représentations », qui marquera l’époque de Jiang Zemin.

Pour rassurer les réformateurs sur le bien-fondé du monopole du pouvoir par le PCC, Wang Huning leur assure que ce dernier va transformer la représentation politique. Le PCC ne va plus seulement représenter le prolétariat, mais bien l’ensemble de la société. En 2000, Wang Huning propose donc le principe des « trois représentations » (san ge daibiao) à Jiang Zemin18. Il s’agit d’autoriser les entrepreneurs privés à devenir membre du Parti, au nom de leur soutien à la modernisation du pays. En ce sens, le PCC devient, selon Wang Huning, le garant d’une « véritable démocratie », qui agit au nom du peuple entier, et non pas au profit des seuls intérêts de certains individus ou de certains groupes d’individus, comme ce serait le cas, selon lui, dans la démocratie libérale américaine19. Sa vision de la « démocratie socialiste » rejoindra d’ailleurs celle de la Nouvelle Gauche20, un nouveau courant politique qui apparaît à la fin des années 1990, et celle de l’une de ses grandes figures, l’universitaire Wang Shaoguang, pour qui la Chine a su proposer une forme inédite de représentation politique, non médiatisée par l’élection et qui récolterait un fort taux de confiance au sein de la population21. Wang Shaoguang appelle cette démocratie la « démocratie représentationnelle », par opposition à la démocratie représentative occidentale. Wang Huning partage avec Wang Shaoguang une même volonté de proposer un modèle de démocratie palliant les défauts supposés de la démocratie libérale occidentale. Selon lui, la démocratie socialiste repose sur un critère d’efficacité de l’action publique, et non sur l’élection. En utilisant ces arguments, Wang Huning veut démontrer aux réformateurs « l’absurdité » de leur attachement au critère purement formel de l’élection, en leur exposant la supériorité du principe de la « recherche de la vérité dans les faits » (shishi qiushi).

C’est aussi pour cette raison que Wang Huning donne des gages aux réformateurs en critiquant la Révolution culturelle22. Il considère que les gardes rouges ont agi contre les principes de la démocratie interne du Parti et que les institutions ont souffert de l’absence de séparation des pouvoirs. Il propose donc des réformes pour prévenir d’éventuelles dérives futures. Il évoque ainsi une refonte du système de recrutement des cadres, qui devraient être évalués selon des critères techniques et non plus seulement idéologiques23. Il pense aussi qu’il faut restaurer l’exemplarité du Parti en luttant contre la corruption, dont il estime qu’elle trouve sa source dans la faiblesse des ressources économiques en Chine24. Enfin, concernant la corruption, Wang Huning s’inquiète du fait que certains cadres du Parti se soient laissé tenter par une déliquescence morale. Il témoigne ici de son intérêt pour un modèle politique confucéen, qui considère que l’élite au pouvoir doit être composée de dirigeants éclairés au service du bien public et accédant à leur position selon des principes méritocratiques25.

La survie du régime

Finalement, Wang Huning incarne l’unité du PCC. S’il est l’un des fondateurs du néo-autoritarisme, il se distingue très tôt des autres tenants de ce courant. Il soutient la théorie du matérialisme historique et ne met pas en doute l’idée que la Chine puisse atteindre un jour le communisme. Il présente la restauration de l’économie de marché comme une sorte de repli tactique. C’est dans cette mesure que sa pensée peut rassurer les marxistes orthodoxes concernant les modalités de la réforme. Dans le même temps, Wang Huning prétend que le développement économique permettra de réduire progressivement le caractère coercitif du régime, sans pour autant soutenir l’idée que la Chine adoptera la démocratie représentative à long terme. À ce titre, Wang Huning a contribué à restaurer la confiance des réformateurs du PCC dans le régime.

Dans les années 2000, l’idée que le Parti représente le peuple en opérant la synthèse de la diversité des intérêts au sein de la société constituera d’ailleurs le substrat idéologique de la « société harmonieuse26 », dont Wang Huning sera également l’artisan et qui marquera la présidence de Hu Jintao. En somme, Wang Huning a contribué à une réactualisation totale de l’idéologie officielle du PCC, ainsi qu’à donner une légitimité politique au virage entrepris par la Chine communiste depuis la fin du maoïsme. Sa pensée a participé à la reconstruction de l’unité du PCC après la crise de 1989, mais aussi à la perpétuation du régime chinois, là où le manque de consensus et de cohésion a eu raison du Parti communiste de l’Union soviétique.

  • 1. Timothy Cheek, Joseph Fewsmith III, Matthew Johnson et Kaiser Kuo, “Who is the real Wang Huning ?” [en ligne], The China Project, 4 novembre 2021 ; Pablo M. Díez, « Wang Huning, el cerebro del régimen chino » [en ligne], ABC Internacional, 7 avril 2022 ; Hugh Hewitt, “In China, Wang Huning is the man to see” [en ligne], The Washington Post, 16 décembre 2021.
  • 2. Voir Haig Patapan et Yi Wang, “The hidden ruler: Wang Huning and the making of contemporary China”, Journal of Contemporary China, vol. 27, no 109, 2018, p. 47-60.
  • 3. Voir Chloé Froissart, « La renaissance du libéralisme chinois dans les années 1990 », Esprit, décembre 2001.
  • 4. Les enfants d’ouvriers, de paysans et de soldats avaient le privilège d’accéder aux études pendant la dernière partie de la Révolution culturelle. C’est le cas de Wang Huning, dont le père était officier dans l’armée.
  • 5. Voir Marianne Gray, « Un panda dans la pièce. Pékin entre communisme et mondialisation », Commentaire, vol. 171, no 3, 2020, p. 545-554.
  • 6. Wang Huning participe ainsi à la traduction de Modern Political Analysis [1963] de Robert A. Dahl, en 1987.
  • 7. Voir J. Fewsmith, China since Tiananmen: From Deng Xiaoping to Hu Jintao, Cambridge, Cambridge University Press, 2008.
  • 8. Voir Joël Thoraval, « Néo-autoritarisme et néo-conservatisme », Perspectives chinoises, no 2, 1992, p. 15-25.
  • 9. Voir Michel Bonnin, « Qu’est-ce qu’un néo-conservateur ? Réflexions après un entretien avec Xiao Gongqin », Perspectives chinoises, no 3, 1992, p. 5-11.
  • 10. Wang Huning, Zhengzhi de rensheng [Une vie pour la politique], Shanghaï, Shanghai renmin chubanshe, 1995.
  • 11. Wang Huning, Zhengzhi de luoji : makesizhuyi zhenzghixue yuanli [La logique de la politique. Les principes de la science politique marxiste], Shanghaï, Shanghaï renmin chubanshe, 2004.
  • 12. Voir Zhang Lun, La Vie intellectuelle en Chine depuis la mort de Mao, Paris, Fayard, 2003.
  • 13. Wang Huning, « Shehui ziyuan zongliang yu shehui tiaokong : zhongguo yiyi » [« Du lien entre le montant des ressources sociales et la gouvernance : quelle signification pour la Chine ? »], Fudan xuebao, no 4, 1990. Sur ce point, il se distingue d’ailleurs des autres tenants du néo-autoritarisme, comme Xiao Gongqin, qui ne soutiennent pas le marxisme : voir Émilie Frenkiel, Parler politique en Chine. Les intellectuels chinois pour ou contre la démocratie, Paris, Presses universitaires de France, 2014.
  • 14. Wang Huning et Sun Guanhong, « Lun “zhengzhi shi daju” » [« Discussion sur le thème : “la politique est une vue d’ensemble” »], Shanghai shehui kexue, no 10, 1984.
  • 15. Wang Huning, « Zhengzhi shenghuo minzhuhua de zhutixing yu jingshen wenming jianshe » [« Subjectivité de la démocratisation de la vie politique et construction d’une civilisation spirituelle »], Shehui kexue zhanxian, no 2, 1987.
  • 16. Voir Ziyang Zhao, Mémoires. Un réformateur au sommet de l’État chinois, trad. par Louis Vincenolles, préface de Tong Bao, Paris, Seuil, 2011.
  • 17. Francis Fukuyama, La Fin de l’histoire et le dernier homme [1992], trad. par Denis-Armand Canal, Paris, Flammarion, 2018, p. 509.
  • 18. Celui-ci se formule ainsi : le PCC doit représenter les forces productives les plus avancées du pays, la culture la plus avancée du pays et les intérêts fondamentaux du peuple dans son ensemble.
  • 19. Wang Huning, Meiguo fandui meiguo [L’Amérique contre l’Amérique], Shanghaï, Shehui kexue zhanxian, 1991.
  • 20. La Nouvelle Gauche est un courant intellectuel qui critique la restauration du capitalisme en Chine.
  • 21. Voir C. Froissart, « Réinventer la représentation politique ? Le modèle chinois selon Wang Shaoguang », dans Chrystelle Fortineau-Brémond (sous la dir. de), La Représentation dans la recherche en langues et cultures étrangères. Regarder autrement, regarder ailleurs, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2022.
  • 22. Wang Huning, « Wenge fansi yu zhengzhi tizhi gaige » [« Une réflexion sur la Révolution culturelle et sur la réforme du système politique »], Shijie jingji daobao, mai 1986.
  • 23. Wang Huning, « Zhongguo zhengzhi, xingzheng tizhi gaige de jingji fenxi » [« Analyse économique de la réforme du système politique et administratif de la Chine »], Shehui kexue zhanxian, no 2, 1988.
  • 24. Wang Huning, « Zhongguo yizhi fubai de tizhi xuanze » [« Les choix institutionnels pour réduire la corruption en Chine »], Zhongguo shehui kexueyuan zhengzhi xue yanjiu, no 1, 1995.
  • 25. Voir Daniel A. Bell, Beyond Liberal Democracy: Political Thinking for an East Asian Context, Princeton, Princeton University Press, 2006.
  • 26. Voir C. Froissart, “Using the law as a ‘harmonious weapon’: The ambiguities of legal activism in favour of migrant workers in China”, Journal of Civil Society, vol. 10, no 3, 2014, p. 255-272.

Sacha Halter

Sacha Halter est doctorant à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il prépare une thèse consacrée à La pensée néo-autoritaire de Wang Huning de 1980 à nos jours sous la direction de Chloé Froissart

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