
L’esprit malin du capitalisme de Pierre-Yves Gomez
Cet ouvrage ouvre de nouvelles perspectives à la réflexion sur la critique du capitalisme financier. Il y est question de l’esprit du capitalisme, mais, pour l’auteur, celui-ci n’est ni une idéologie – ce qui ne l’empêche pas de déconstruire avec rigueur les présupposés du néolibéralisme –, ni une stratégie consciente de domination, malgré l’insatiable voracité des élites, mais la logique émergente d’un processus résultant d’une multitude de choix et de décisions qui, pris isolément, peuvent sembler rationnels. Ce que résume la métaphore des « bâtisseurs sans architecte », qui se fient à l’intuition « qu’ils vont finalement découvrir un architecte invisible, mais inspirant, qui donnera sens à leurs efforts ». Hélas, mur après mur, « ils se rendent compte qu’ils construisent un labyrinthe dans lequel ils se perdent ». Car « l’Esprit insaisissable » n’a pas plus qu’eux le plan des issues. Il ne leur reste « qu’à poursuivre la construction en présageant confusément que seule leur propre disparition empêchera son expansion absurde ». Appliqué à l’esprit du capitalisme, l’adjectif « malin » est ici à prendre en son double sens de rusé et de maléfique : il veut souligner à la fois la formidable résilience du système et son caractère insensé. L’un des points forts de l’analyse est de montrer que la spéculation n’est pas un aspect secondaire du capitalisme financier, mais son ressort même, la foi dans une « transformati