
La gauche contre les Lumières ? de Stéphanie Roza
Stéphanie Roza publie une critique virulente des discours qui s’attaquent à l’héritage révolutionnaire de la gauche française, depuis des positions qui se réclament pourtant elles-mêmes de la gauche.
Alors que l’on parle cancel culture et « nouveaux féminismes », la philosophe Stéphanie Roza publie une critique virulente des discours qui s’attaquent à l’héritage révolutionnaire de la gauche française, depuis des positions qui se réclament pourtant elles-mêmes de la gauche. Les Lumières, avec leur foi rationaliste, progressiste et universaliste, sont accusées de s’être compromises avec un libéralisme bourgeois colonisateur, blanc et mâle, mais aussi scientiste et productiviste. Ou d’avoir opprimé la société derrière le modèle de l’individu rationnel, soit la reprise d’un conservatisme contre-révolutionnaire à l’époque du rappel à l’ordre généralisé, par exemple au profit d’une nostalgie pastorale vaguement inspirée du Moyen Âge que l’auteure attribue à certains zadistes et décroissants.
La charge vise notamment l’héritage de Michel Foucault, qu’elle fait descendre de son piédestal gauchiste pour le ramener à ses positions sceptiques, volontiers nietzschéennes, rejetant toute raison, tout universel, tout projet normatif au nom d’une critique historiciste des dominations, jusqu’à s’opposer à tout projet social véritablement émancipateur. La stratégie critique foucaldienne ramènerait ainsi à un assujettissement qu’elle est pourtant censée briser1. Effectivement, selon l’auteure, « toute stratégie globale se heurte à l’interdit de la normativité. In fine, seules demeurent donc p