
La Maison des Hollandais de Ann Patchett
Trad. par Hélène Frappat
La Maison des Hollandais raconte l’enfermement dans une histoire intime qui n’a été ni imaginée ni souhaitée et, à travers les stratégies parfois maladroites, souvent répétitives, inventées pour survivre, dessine un paysage économique et social.
Dans ce huitième roman, Ann Patchett reprend, sous forme d’un conte de fées, version seconde moitié du xxe siècle aux États-Unis, ses thèmes de prédilection : l’éclatement d’un cadre de référence, l’expulsion soudaine d’une cellule familiale et le douloureux cheminement qui mène à une possible réconciliation. À la mort de leur père, Danny, âgé de 15 ans, et Maeve, sa sœur de sept ans son aînée, sont chassés brutalement de leur maison par leur belle-mère Andrea. C’est à la première personne du singulier que Danny revient sur le poids de ce passé poignant.
Après Bel Canto, roman qui, à partir d’un fait divers (la prise d’otages à l’ambassade japonaise de Lima en 1996-1997), s’attachait aux échanges et changements de rôles entre terroristes et prisonniers1, puis Orange amère, récit plus autobiographique qui, sur une cinquantaine d’années, retraçait les errances de membres de familles recomposées2, La Maison des Hollandais raconte autrement l’enfermement dans une histoire intime qui n’a été ni imaginée ni souhaitée et, à travers les stratégies parfois maladroites, souvent répétitives, inventées pour survivre, dessine un paysage économique et social.
Toutes les composantes d’un conte de fées sont présentes : un « palais », une mère absente, un père naïf,