
Introduction à Jacques Ellul de Patrick Chastenet
Philosophe critique de la technique, théologien protestant, dénonciateur de la propagande, militant écologiste hors parti, Jacques Ellul (1912-1994) est entré en politique avec son ami Bernard Charbonneau aux côtés de la revue Esprit, qui ne publie pas leurs « Directives pour un manifeste personnaliste » (1935). Il poursuivra sa réflexion dans plus de mille articles et une soixantaine d’ouvrages traduits en une douzaine de langues, dont La Technique ou l’Enjeu du siècle (1954), Le Système technicien (1977) et Le Bluff technologique (1988). On lui doit aussi une imposante Histoire des institutions, un essai inclassable intitulé Sans feu ni lieu. Signification biblique de la Grande Ville, une enquête sur la Jeunesse délinquante. Des blousons noirs aux hippies (avec Yves Charrier) ou encore La Subversion du christianisme et Anarchie et christianisme. Pour Ellul, la technique moderne se manifeste par la rationalité, l’artificialité, l’automatisme, l’auto-accroissement, l’unicité, l’enchaînement des techniques les unes aux autres, l’universalisme et l’autonomie. Selon lui, écrit Patrick Chastenet, « la technique agit comme une puissance indépendante qui n’hésite pas à modifier notre environnement naturel. […] Ce n’est plus à la machine de s’adapter à l’homme mais à l’homme de s’adapter à la machine ». La technique roule pour elle et constitue un véritable « milieu » ou « sy