
Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré
« Promettez-moi de saillir la beauté » : ce sont les mots, en forme de boutade affectueuse et lyrique, que le personnage principal, Jacques, adresse à son « considérable ami », Mathieu, très certainement un ancien amant, avant de prendre congé de lui, définitivement. Car le suicide est la suprême élégance et la dernière précaution pour se protéger du pire, et ne pas attendre que l’hôpital ou une famille hostile prennent possession d’un corps arrivé au dernier stade de la maladie. Pendant cette cérémonie des adieux, le jeune amant de Jacques, Arthur, qui a quitté sa province bretonne animé par le fol espoir de vivre à Paris leur nouvel amour, attend dans une cabine téléphonique l’appel qui ne viendra pas : ce sont les dernières images du film de Christophe Honoré.
L’enchaînement déchirant des deux séquences pourrait signer l’appartenance de ce onzième long métrage au genre du mélodrame. Ce n’est pourtant pas l’impression dominante que garde le spectateur, car Plaire, aimer et courir vite remplit les promesses narratives de son titre séduisant et fiévreux en multipliant