
Les apories de la lutte contre les fake news
La parole politique est moins marquée par sa vérité ou son objectivité que par son caractère rhétorique : elle offre des interprétations en conflit et suscite des passions contradictoires. De ce point de vue, il ne faut pas céder à la tentation de réglementer sur les fake news, parce que cela accorderait trop de pouvoir aux administrateurs de la vérité et saperait le débat démocratique.
Les technologies rendent possibles certaines choses et nous laissent sans protection face à d’autres. La volonté qu’affichent l’Union européenne et certains gouvernements de contrôler les fausses informations trouve son origine dans l’ambivalence caractéristique des nouveaux modes de diffusion de l’opinion, à la fois faciles, immédiats et dépourvus de tout contrôle. Nos espaces publics, qui ne sont pas solidement structurés au niveau idéologique et qui restent faiblement institutionnalisés, sont particulièrement démunis face aux rumeurs, lesquelles vont parfois jusqu’à interférer avec les processus électoraux. Même s’il y a là de véritables motifs d’inquiétude, les réglementations ne sont cependant pas toujours une solution efficace. Certaines d’entre elles peuvent même présenter de graves inconvénients. On a pu le constater lorsque certains ont prétendu limiter la liberté d’expression sans garantir suffisamment le respect d’autres valeurs fondamentales, la vérité en particulier.
Un monde d’approximations
La première chose qui attire mon attention dans la croisade contre la post-vérité et les faits dits alternatifs est le changement culturel qu’elle repr&eacut