
Jean-Pierre Siméon. Une question de vers et de versants
Seize années durant, nous avons pu apprécier le travail de Jean-Pierre Siméon à la tête du Printemps des poètes. Nous l’avons vu payer de sa personne pour lancer, parrainer, soutenir tel ou tel festival de poésie, courir aux six coins de l’Hexagone pour saluer et conforter la présence de la poésie, fût-ce dans les villages les plus reculés, à tel point qu’on en finissait par oublier le poète lui-même. Rarement, sauf à l’époque des frères Breton gouvernant les éditions de Saint-Germain-des-Prés dans les années 1960, un poète s’était à ce point dévoué pour faire vivre la poésie en France, la faire rayonner sous la double tutelle des ministères de la Culture et de l’Éducation nationale. Jean-Pierre Siméon est profondément convaincu que « la poésie sauvera le monde1 ». Très léger désaccord entre nous : nous ne sommes pas si sûrs que la notion de « salut » soit pertinente à propos de cet art de diffusion restreinte et de cheminement mystérieux qu’est la poésie. Dépassée, à notre sens, la conception issue du romantisme hugolien considérant le poète comme substitut du prêtre ou auxiliaire de l’enseignant laïque, bref, comme pourvoyeur de sacré, à la suite des surréalistes et de Rimbaud. La poésie nous semble entrée dans une période de transmission plus secrète, plus nouvelle. Aussi convient-il plus que jamais de prendre l’exacte mesure des paroles des uns et des autres.