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Flickr / Photo de Dudás Szabolcs (CC BY 2.0)
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De « nouvelles » perspectives pour l'Europe

Malgré la conscience de défis communs, les pays européens sont pris dans un cercle vicieux : les politiques d’austérité accroissent les inégalités au sein de l’Union, qui nourrissent le populisme de droite, qui pousse les gouvernements à accorder la priorité à des intérêts nationalistes de court terme au détriment de la solidarité européenne.

On m’a invité à parler de nouvelles perspectives pour l’Europe, mais je manque de nouvelles perspectives, et la corruption trumpienne qui affecte jusqu’au cœur de l’Europe me conduit à remettre en question mes anciennes perspectives[1]. Il ne fait aucun doute que le public a pris conscience des risques associés au nouvel état du monde et que les perspectives sur l’Europe en sont changées. L’attention du public porte désormais sur le contexte mondial, dans lequel les pays d’Europe se sont sentis jusqu’à présent chez eux sans se poser trop de questions. Dans l’opinion publique de toutes les nations d’Europe, on ressent de plus en plus que ces nouveaux défis affectent chaque pays de la même manière et qu’on peut donc mieux les relever en restant ensemble. Cela renforce en effet le souhait largement répandu d’une Europe qui soit politiquement effective.

Aujourd’hui, les élites politiques libérales affirment, plus bruyamment qu’auparavant, que le progrès de la coopération européenne devrait être conduit dans trois domaines clés : au chapitre de la politique étrangère et de la défense européenne, ces élites réclament une plus grande capacité militaire de l’Europe pour s’imposer et « sortir de l’ombre des États-Unis » ; au chapitre d’une politique d’asile commune, elles demandent ensuite une protection rigoureuse des frontières extérieures de l’Europe et l’établissement contestable de centres d’accueil en Afrique du Nord ; et, derrière le slogan du «  libre-échange  », elles souhaitent poursuivre une politique commerciale commune dans les négociations sur le Brexit, ainsi que dans celles avec Trump. Il reste à savoir si la Commission européenne, qui conduit ces négociations, va obtenir quelque résultat – et si, en cas d’échec, le terrain d’entente des gouvernements de l’Union européenne va s’effriter. Mais, face à ces déclarations encourageantes, l’égoïsme des États-nations reste intact, si ce n’est stimulé par des considérations malvenues sur la nouvelle internationale populiste de droite.

Le court-termisme nationaliste

Le progrès hésitant des pourparlers concernant une politique de défense commune et une politique d’asile qui achoppe toujours sur la question de la répartition, montre que les gouvernements accordent la priorité aux intérêts nationaux à court terme – et ce d’autant plus qu’ils subissent plus fortement la pression du populisme de droite. Dans certains pays, il n’y a même plus de tension entre, d’un côté, des déclarations pro-­européennes vides et, de l’autre, un comportement à courte vue qui refuse la ­coopération. En Hongrie, en Pologne et en République tchèque, désormais en Italie et sans doute bientôt en Autriche, cette tension s’est même dissipée au profit d’un nationalisme ouvertement europhobe. Cette situation pose deux questions : comment se fait-il qu’au cours des deux dernières décennies, la contradiction entre un reliquat de vœux pieux en faveur de l’Europe et le blocage actuel de la coopération requise soit devenue si forte ? Et pourquoi la zone euro se maintient-elle malgré tout alors que, dans tous les pays, l’opposition populiste de droite à «  Bruxelles  » se renforce – et, au cœur de l’Europe, dans une des six nations fondatrices de la Communauté économique européenne, l’Italie, a même conduit à une alliance entre populistes de droite et de gauche sur un programme commun d’opposition à l’Europe ?

En Allemagne, depuis septembre 2015, les deux sujets associés que sont la politique d’immigration et celle de l’asile dominent dans les médias et préoccupent l’opinion publique au détriment de tous les autres sujets. Il se peut qu’en Allemagne, nation asymétriquement réunifiée, les choses se seraient passées ainsi de toute façon. Mais, si l’on considère l’Europe comme un tout et particulièrement la zone euro en entier, l’accroissement de l’immigration ne peut pas constituer l’explication principale de l’essor du populisme de droite. Dans d’autres pays, le basculement dans l’opinion publique a eu lieu bien plus tôt, notamment à la suite de la politique controversée visant à surmonter la crise de la dette souveraine, elle-même déclenchée par la crise du secteur bancaire. Comme on le sait, en Allemagne, c’est un groupe d’économistes et d’hommes d’affaires réuni autour du professeur d’économie Bernd Lucke, craignant que leur pays, prospère et principalement exportateur, se retrouve pris dans les rets d’une « union de la dette », qui a fondé l’Alternativ fur Deutschland (AfD) et a lancé une campagne polémique, globale et efficace, contre la menace d’une mutualisation de la dette. En octobre 2018, le dixième anniversaire de la faillite de Lehmann Brothers a été l’occasion de rappeler les débats concernant les causes de la crise – un échec du marché ou une défaillance de l’État ? – et la politique de dévaluation interne imposée. Alors qu’il a été mené, y compris du point de vue académique, avec un effet important sur l’opinion publique dans d’autres États membres de la zone euro, en Allemagne, ce débat a été minimisé à la fois par le gouvernement et par la presse.

L’Allemagne seule

Dans le débat international chez les économistes, les voix majoritairement critiques des politiques d’austérité conduites par Schäuble et Merkel, celles du courant dominant dans le monde anglo-saxon, ont été aussi peu entendues et rapportées dans la rubrique économique des principaux médias en Allemagne que, dans leur rubrique politique, les coûts humains et sociaux que ces politiques ont entraînés – et pas seulement dans des pays comme la Grèce ou le Portugal. Dans certaines régions européennes, le taux de chômage avoisine les 20 %, tandis que celui des jeunes est presque deux fois supérieur. Si nous sommes aujourd’hui inquiets de la stabilité de la démocratie, nous devons également nous rappeler le sort des prétendus « pays renfloués » (bail-out countries) : il est scandaleux que, dans la maison inachevée de l’Union européenne, une politique si draconienne, qui pesait si lourdement sur le filet de sécurité sociale d’autres nations, n’ait même pas été suffisamment légitimée – du moins selon nos normes démocratiques ordinaires. Et cela reste en travers de la gorge de nombreux peuples d’Europe. Étant donné qu’au sein de l’Union européenne, les opinions publiques sur la politique restent largement formées dans les limites nationales et que ces différentes sphères publiques ne communiquent pas volontiers les unes avec les autres, des récits contradictoires de la crise ont pris racine dans différents pays de la zone euro au cours de la décennie passée. Ces récits ont empoisonné le climat politique dans la mesure où chacun n’attire l’attention que sur son propre destin national et empêche la prise en compte de perspectives mutuelles sans lesquelles il ne peut se former de compréhension de l’un pour l’autre. Ces récits interdisent également toute prise de conscience des menaces qui nous affectent tous à égalité, et surtout les chances d’une politique volontariste qui puisse traiter les problèmes communs sous forme de coopération. En Allemagne, ce repli sur soi est patent dans la manière sélective ­d’expliquer le manque d’esprit coopératif en Europe. Je suis stupéfié par le culot du gouvernement allemand qui croit pouvoir emporter l’assentiment de ses partenaires concernant les politiques qui nous importent – les réfugiés, la défense, les affaires étrangères et le commerce extérieur – et, en même temps, fait de l’obstruction sur la question centrale de l’achèvement politique de l’union monétaire.

L’euro a été introduit avec l’espoir et la promesse politique
que les conditions de vie de tous les États membres convergeraient – mais en réalité, c’est le contraire
qui s’est produit.

Au sein de l’Union européenne, les États membres de l’union monétaire sont si étroitement dépendants les uns des autres qu’un noyau s’est cristallisé, même si c’est uniquement pour des raisons économiques. Ainsi, les pays de la zone euro se présentent naturellement, si je puis m’exprimer ainsi, pour agir comme stimulateurs dans le processus d’intégration à venir. Ce groupe de pays souffre cependant d’un problème qui menace de détruire l’ensemble du projet européen. Nous sommes, en particulier nous qui vivons dans une Allemagne en plein boom économique, en train de refouler le simple fait que l’euro a été introduit avec l’espoir et la promesse politique que les conditions de vie de tous les États membres convergeraient – mais en réalité, c’est le contraire qui s’est produit. Nous refoulons la véritable raison du manque d’esprit coopératif, qui est aujourd’hui plus pressant que jamais – à savoir, le fait que l’union monétaire ne peut survivre longtemps à une divergence de plus en plus grande dans les performances des différentes économies nationales, et donc aussi dans les conditions de vie des populations des différents États membres. En plus du fait qu’aujourd’hui, à la suite d’une modernisation capitaliste accélérée, nous avons aussi à répondre à l’inquiétude devant des changements sociaux profonds, je ne considère pas que les sentiments anti-européens, diffusés à la fois par les mouvements populistes de gauche et par ceux de droite, ne font que dériver d’un nationalisme xénophobe. Non seulement ces affects et attitudes eurosceptiques sont plus anciens que la montée du populisme, mais, en Italie par exemple, ils constituent aussi le seul axe selon lequel la gauche et la droite se divisent à propos du passé fasciste. Indépendamment de la question migratoire, l’euroscepticisme peut faire appel à la conception réaliste que l’union monétaire ne représente plus une situation avantageuse pour tous ses membres. Le sud contre le nord de l’Europe, et vice versa : tandis que les « perdants » se sentent injustement traités, les « gagnants » repoussent leurs demandes.

Le plan de Macron

Il apparaît que le système de règles strictes, imposé aux États membres de la zone euro sans créer de compétences stratégiques ni d’espace pour une conduite des affaires commune et flexible, est un arrangement à l’avantage des membres les plus forts économiquement. C’est, à mon avis, la véritable question sur laquelle les politiques se divisent, et non pas : «  pour  » ou «  contre  » l’Europe. Sous-jacente à cette polarisation grossière, reste, chez les prétendus amis de l’Europe, une interrogation implicite qui n’a pas encore été abordée, alors même qu’elle trace la ligne de faille fondamentale – à savoir, si l’union monétaire qui fonctionne dans des conditions sous-­optimales devrait être rendue « imperméable » au risque d’un surcroît de spéculation, ou si nous devrions rester attachés à la promesse non tenue d’une convergence économique dans la zone euro et ainsi transformer l’union monétaire en une union politique européenne volontariste et effective. Cette promesse était politiquement associée à l’introduction de l’union monétaire. Dans les réformes proposées par Emmanuel Macron, les deux objectifs ont la même valeur. D’un côté, il entend protéger l’euro à l’aide des propositions bien connues d’une union bancaire, d’un régime correspondant de solvabilité, d’une garantie commune des dépôts et d’un Fonds monétaire européen, contrôlé démocratiquement au niveau de l’Union européenne. Malgré des annonces confuses, on sait que le gouvernement allemand bloque toute avancée dans cette direction – et résiste jusqu’à présent à l’ensemble du projet. Cependant, Macron propose également l’établissement d’un budget de la zone euro et – sous le titre de « ministre européen des Finances » – la création de compétences pour une action politique démocratiquement contrôlées à ce même niveau. En effet, l’Union européenne ne peut obtenir la puissance politique et le soutien des peuples qu’à la condition de créer des compétences et un budget qui lui permettent de réaliser des programmes démocratiquement légitimes contre la tendance des États membres à s’éloigner les uns des autres du point de vue économique et social.

L’alternative déterminante entre l’objectif de stabiliser la monnaie et l’objectif à plus long terme de politiques visant à contenir et à réduire les déséquilibres économiques n’a pas fait l’objet d’un débat politique d’envergure. Il n’existe pas de gauche pro-européenne qui se prononce en faveur de la construction d’une Union de l’euro capable de jouer un rôle au niveau mondial et, donc, d’une prise en considération des objectifs à long terme tels que la lutte efficace contre l’évasion fiscale et une régulation plus stricte des marchés financiers. Ce faisant, les sociaux-démocrates européens s’émanciperaient des objectifs libéraux et néolibéraux alambiqués d’un vague «  centre  ». La raison du déclin des partis sociaux-démocrates est leur manque de ligne : personne ne sait plus à quoi ils servent. En effet, les sociaux-démocrates n’osent plus prendre en charge le contrôle et la mise au pas systématiques du capitalisme au niveau précis où les marchés dérégulés échappent à tout contrôle. En établissant ce lien, je ne me préoccupe pas particulièrement du sort de cette famille politique – même si nous devrions toujours nous rappeler que le sort de la démocratie en Allemagne a partie liée avec celui du Parti social-démocrate (SPD), plus qu’avec celui de n’importe quel autre parti. Je me soucie d’abord de ce phénomène inexpliqué selon lequel les partis politiques traditionnels en Europe sont peu enclins ou échouent à former des programmes où les positions et les choix vitaux pour l’avenir de l’Europe sont suffisamment distingués. À cet égard, les prochaines élections européennes tiendront lieu de dispositif expérimental.

D’un côté, Emmanuel Macron, dont le mouvement n’est pas pour le moment représenté au Parlement européen, essaie de briser les groupes partisans actuels de manière à construire une faction pro-européenne clairement reconnaissable. Par contraste, tous les groupes actuellement représentés au Parlement, à l’exception évidente des factions anti-­européennes d’extrême droite, connaissent des divisions internes, ne serait-ce que sur les dispositions «  pro-européennes  » de leurs membres et sur le statu quo actuel. Tous les groupes ne se permettent pas des exercices d’équilibrisme comme celui, largement diffusé, du Parti populaire européen, qui s’accroche jusqu’à présent à l’adhésion d’Orbán. L’état d’esprit et la conduite du membre de l’Union chrétienne-sociale de Bavière (CSU), Manfred Weber, qui cherche à devenir président de la Commission européenne, sont typiques de cette indécision et de cette ambiguïté. Mais des divisions similaires traversent les groupes libéraux, socialistes et (surtout) la fraction «  de gauche  ». Au regard, du moins d’un engagement modéré pour l’Europe, ce sont les Verts qui pourraient représenter la position la plus unitaire. Ainsi, même au sein du Parlement, censé produire des majorités qui défendent des intérêts transversaux aux pays nationaux, le projet européen a manifestement perdu tout relief clair. Il se pourrait même que ce Parlement comporte dès à présent une majorité de participants d’une diète qui remette en cause son propre fondement, à savoir l’Union dont ce Parlement est l’une des expressions.

Pris au piège

Si vous me demandez finalement, en tant que citoyen et non comme observateur universitaire, quelle est mon appréciation générale aujourd’hui, je dois admettre que je n’aperçois pour le moment aucune tendance encourageante. Sans doute, les intérêts économiques sont si peu équivoques et, malgré le Brexit, toujours si puissants que l’effondrement de la zone euro est peu vraisemblable. Cela permet de répondre à ma seconde question : pourquoi l’Union tient-elle encore ? Même pour les avocats d’un euro du Nord, les risques d’une séparation avec le Sud seraient imprévisibles. Et pour le cas correspondant d’une sortie d’un État du Sud, nous avons observé le scénario du gouvernement italien actuel qui, malgré des déclarations fortes et claires pendant la campagne électorale, s’est radouci une fois au pouvoir, car une des conséquences évidentes d’une sortie de la zone euro serait d’avoir à rembourser des dettes insoutenables. Ce constat n’est toutefois pas une grande consolation.

Regardons les choses en face : si le lien soupçonné entre l’éloignement économique des économies membres de la zone euro et le renforcement du populisme de droite se maintient dans les faits, alors nous sommes pris dans un piège et les conditions sociales et culturelles nécessaires à une démocratie saine et vivante vont encore se dégrader. Ce scénario négatif ne peut naturellement pas compter pour plus que ce qu’il n’est. Mais, déjà, l’expérience de sens commun nous indique que le processus ­d’intégration européenne est sur une pente dangereuse. On ne reconnaît le point de non-retour que lorsqu’il est trop tard. Tout ce que nous pouvons souhaiter, c’est que le refus des réformes proposées par Macron par le gouvernement allemand n’ait pas été la dernière chance perdue.

Annegret Kramp-Karrenbauer, présidente de l’Union chrétienne-­démocrate allemande (CDU) et aspirant au poste de chancelière, a opposé une fin de non-recevoir brutale à la récente «  Lettre aux citoyens d’Europe  » d’Emmanuel Macron. Ce rejet me conforte dans mon appréciation pessimiste. Annegret Kramp-Karrenbauer ne fait qu’exprimer ouvertement ce qu’Angela Merkel a fait sans le dire et qu’elle a dissimulé, depuis l’irruption de la crise financière, dans un nuage de déclarations pro-­européennes trompeuses.

Le gouvernement allemand continue aussi de refuser toute avancée digne de ce nom pour la coordination, toujours en souffrance, des politiques fiscales, économiques et sociales dans la zone euro, politiques sans lesquelles l’écart entre les conditions vécues au nord et au sud de l’Europe ne saurait être réduit. En d’autres termes, l’Allemagne réclame sans vergogne la solidarité d’autres pays membres dans tous les domaines qui touchent à ses propres intérêts, tandis qu’elle-même s’épargne toute solidarité dès lors qu’il s’agit d’assurer les bases de la cohésion sociale et politique des populations européennes. Les principaux médias politiques en République fédérale d’Allemagne se dispensent de toute analyse sérieuse quant à l’idée fausse, répandue avec insistance, que nous autres Allemands serions « les meilleurs Européens ». Je ne vois pas un seul parti en Allemagne qui serait prêt à faire tomber ce masque lors de la campagne pour les élections européennes – tout au plus des personnalités isolées vont-elles dans ce sens. Au niveau européen, il n’y a pas, si je regarde bien, de groupes susceptibles d’agir dans ce sens. Tous doivent dépasser les profondes fractures qui règnent parmi leurs propres troupes sur des questions centrales de la politique européenne. Et du reste, cela vaudra aussi pour le parti En Marche si le mouvement de Macron s’allie, comme prévu, avec le Parti libéral allemand (FDP). En effet, ce parti du néolibéralisme radical réunit dans son propre pays l’essentiel des éco­nomistes libéraux opposés à une intégration accrue de l’Europe, et il tente de soutirer des voix en reprenant les slogans nationalistes d’électeurs conservateurs de droite, voire d’extrême droite, membres de l’AfD.

 

[1] - Ce texte est issu d’une intervention à la conférence «  Nouvelles perspectives pour l’Europe  », au collège des humanités de l’université Goethe de Francfort, à Bad Homburg, le 21 octobre 2018 et a été publié dans la revue Blätter für deutsche und internationale Politik (décembre 2018). Il est traduit de l’anglais par Jonathan Chalier à partir de la version publiée par la revue Social Europe (traduction de David Glow), avec un ajout en allemand du 14 mars 2019, traduit par Jean-Louis Schlegel. La rédaction remercie Eurozine de lui avoir signalé ce texte.

Jürgen Habermas

Philosophe, il a récemment publié deux volumes de ses articles sous le titre Parcours (Gallimard, 2018).

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