Le style paranoïaque à l'ère numérique
Le style paranoïaque de la scène médiatique française témoigne d’un affaiblissement des normes du débat démocratique dû au nouveau contexte numérique (les espaces d’expression personnelle et les calculateurs des modes de vie). Pourtant, l’expression publique relève d’une demande de participation démocratique louable. Mais quels sont les médiateurs de ces nouvelles attentes ?
En 1964, l’historien américain Richard Hofstadter analysait « le style paranoïaque dans la politique américaine1 ». C’était une manière pour lui de prolonger son histoire de l’anti-intellectualisme américain2 : dans une culture politique dominée par la confrontation des intérêts, la négociation et les compromis, il ne lui paraissait pas surprenant de constater la rémanence d’espaces d’expression propres à la colère, aux passions, voire aux délires irrationnels. Ainsi la chasse aux sorcières anticommuniste du maccarthysme ne lui paraissait-elle pas un phénomène isolé mais présentait des antécédents depuis le xviiie siècle avec la peur des francs-maçons (et des Illuminati) et du complot jésuite.