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Crédits photo : Canva
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Qu’est-ce que la planète ?

Dans un contexte de divorce entre le savoir et le politique, la planète s’impose désormais comme un nouveau référent à partir duquel peuvent s’articuler des luttes et des projets de société inédits. Prenant conscience qu’ils ne peuvent plus s’en remettre aux élites pour conjurer les périls écologiques, les militants et les scientifiques développent une réflexion sur les risques et une spiritualité inspirée des peuples autochtones.

Le contraste est saisissant entre une conscience de plus en plus aiguë et partagée des dérèglements de toutes sortes (climatiques, géopolitiques, financiers, culturels) et une incapacité des politiques à donner le sentiment qu’ils sauront y faire face et susciter la confiance des citoyens. Partout, l’abstention progresse, notamment chez les jeunes. En France, plus de treize millions d’électeurs se sont abstenus au second tour de la présidentielle et, compte tenu des bulletins blancs et nuls, Emmanuel Macron n’a été réélu en 2022 que par 38, 5 % du corps électoral. La démocratie s’affaiblit ; il y a urgence à renouveler en profondeur les doctrines et les visions politiques.

Nous nous étions habitués, depuis quelques décennies, à ce que la politique se définisse par rapport à trois références : le marché (l’économie), la société (la sociologie), la nation (l’histoire et la géographie). Certaines pensées politiques se caractérisaient par l’attachement prioritaire à l’une ou l’autre de ces scènes : le libéralisme, le socialisme, le nationalisme. D’autres visions se cherchaient dans un équilibre entre plusieurs dimensions : social-libéralisme, social-démocratie, national-conservatisme, national-socialisme. Et un objet non identifié est venu bouleverser ce jeu de quilles : la planète (l’écologie). Quelle est cette nouvelle dimension de l’espace politique ? Qu’est-ce que la planète ?

Une nouvelle dimension du monde

Une façon de répondre consiste à analyser le contenu de la rubrique « Planète » d’un journal de référence. C’est ce que nous avons fait en scrutant une trentaine de numéros du Monde, durant l’été 2022. L’enjeu massif du dérèglement climatique pèse d’autant plus lourd qu’il s’est traduit, partout sur le globe, par des conséquences concrètes durant l’été 2022 : sécheresse, inondations, mégafeux, etc. C’est sans surprise que l’on constate que près de six pages sur dix de la rubrique sont consacrées à cette actualité du climat (58, 7 %). Les autres enjeux s’échelonnent ainsi : biodiversité (14, 5 %) ; pollution, ressources (11, 1 %) ; santé, épidémies (7 %, conformément à la décrue de la Covid durant l’été) ; démographie (4, 7 %) ; nutrition (3, 9 %).

Plus surprenante est la répartition des aires géographiques. Alors que la pagination consacrée au dérèglement climatique est dominante, rien ou presque ne porte sur les pays les plus touchés par ce dérèglement. Pas un article sur la zone Pacifique ! Un tiers de page en tout et pour tout sur l’Afrique (0, 7 % du total), auquel on pourrait à la rigueur ajouter un article sur l’aire méditerranéenne, bien qu’il y soit surtout question de la rive nord (2, 3 %). En fait, les aires géographiques privilégiées par la rubrique « Planète » sont le monde et la France. Le mondial totalise l’équivalent de près de neuf pages pleines de texte (20, 3 % du total) avec trois types d’articles : interviews et points sur des connaissances scientifiques ; négociations sur des traités internationaux ; données sur les épidémies, relevés météorologiques, etc. Quant à la France, elle occupe une place écrasante : près de vingt-trois pages (53, 7 %) ! À côté des données scientifiques à vocation générale, la proximité joue un rôle majeur dans l’attention portée aux aires géographiques. En dehors de la France, l’Europe compte pour 10, 3 % de la pagination, l’Asie 7, 3 %, l’Amérique (du Nord et du Sud) 3, 6 %. Beaucoup de ces articles viennent soit à titre de complément illustratif d’un article plus général sur le monde, soit à titre de contrepoint aux politiques menées en France sur tel ou tel sujet.

La notion politique de planète exprimerait ainsi une tension entre deux pôles : un pôle abstrait et universaliste, marqué par les connaissances scientifiques et par l’influence qu’elles exercent ou non sur les décisions des États ; un pôle concret et local, caractérisé par les conséquences sensibles des dérèglements sur les modes de vie, la montée des prises de conscience et l’essor des initiatives citoyennes. Cette hypothèse est renforcée par le sentiment que la rubrique « Planète » est alimentée par une double rhétorique. Souvent, les articles portant sur les avancées scientifiques globales recourent à un vocabulaire spécialisé, renvoient à des raisonnements complexes et s’appuient sur des infographies. Les articles centrés sur une réalité française (ou, plus souvent encore, une région, une commune, voire un quartier), se nourrissent de témoignages de terrain et sont très souvent surmontés d’un titre entre guillemets, soulignant qu’il s’agit d’une citation (« Le réchauffement, c’est brutal », « Tout va trop lentement », « L’exceptionnel sera notre quotidien », etc.). Il y a ainsi un style caractéristique de la rubrique « Planète », qui juxtapose données scientifiques et paroles citoyennes.

Une nouvelle épistémologie politique

Le traitement médiatique des enjeux entre ainsi en parfaite cohérence avec le projet politique porté par certains théoriciens de l’écologie. Bruno Latour notamment a inlassablement écrit que l’enjeu est de savoir « atterrir1  ». Selon lui, « l’écologie est à la fois partout et nulle part ». Mener le combat écologique suppose donc d’organiser la division, en cartographiant les conflits concernant les enjeux écologiques. La formation d’une « classe écologique » passerait ainsi par la structuration d’alliances entre des populations très diverses, mais unies par une conscience de classe car vivant négativement, à un titre ou à un autre, l’expérience des déséquilibres écologiques2. En ne se bornant pas à un point de vue scientifique « par en haut », mais en mettant ce dernier en relation avec les témoignages, le vécu, les émotions du « bas », la rubrique « Planète » du Monde contribuerait à cristalliser le potentiel politique novateur de la notion de planète.

En élargissant la focale, on peut relier l’émergence de cette notion à une lente et profonde mutation des rapports entre science et politique. Il y a un siècle, Max Weber avait magistralement analysé leurs relations3. Cinquante ans plus tard, dans les années 1970, la révolution informatique n’a pas semblé, dans un premier temps, les remettre en cause. L’aventure scientifique était pourtant de moins en moins focalisée sur la formulation de lois causales simples et immuables, fondées sur des expériences répétables et permettant un pronostic incontestable. Edgar Morin montrait que, dans tous les champs de la connaissance, on ne pouvait plus s’en remettre à la seule logique et qu’il fallait s’ouvrir à la complexité, la « dialogie » et l’ambiguïté des signes4. Mais ce séisme épistémologique ne semblait pas entraîner de secousse politique. L’idée même de complexité paraissait au contraire conforter la légitimité des hiérarchies sociales.

Lorsque le Club de Rome publie, en 1972, un rapport sur les limites de la croissance, il ouvre un questionnement de plus en plus pressant sur les enjeux écologiques, comme un schisme intellectuel au sein des pouvoirs établis5. Certes, les responsables politiques et industriels étaient réticents à engager une telle démarche, d’autant plus que l’écologie politique cherchait à se structurer dans le prolongement des mouvements de contestation des années 1970. De plus, la candidature de René Dumont à l’élection présidentielle de 1974 en France et la création des Grünen en 1980 en Allemagne semblaient ancrer l’écologie politique à gauche. Pourtant, en 1988, la création du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (Giec) est décidée par le G7 sous l’impulsion de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher. Cette dernière voyait notamment dans les études sur les risques du CO2 des ressources dans le bras de fer qui l’opposait aux syndicats britanniques des mineurs ! Vingt ans plus tard, en 2007, le Giec reçoit le prix Nobel de la paix, conjointement avec Al Gore, l’ancien vice-président américain, personnage principal du film Une vérité qui dérange (Davis Guggenheim, 2006) et père du programme américain des « autoroutes de l’information ».

L’écologie politique a comme matrice intellectuelle la théorie générale des systèmes et peut ainsi être considérée, à sa naissance, comme un moment de la bascule vers une vision numérique du monde. Comme le numérique, l’écologie a été un temps happée par le néolibéralisme, au point que la problématique de la planète semblait encastrée dans celle de la mondialisation. À la fin du xxe siècle, on voulait croire à la fin de l’histoire, à l’extension du marché, au dépassement des conflits, au renforcement et à la sophistication de la gouvernance mondiale autour d’objectifs communs de développement durable. Ce n’est que depuis vingt ans que cet aimable tableau a volé en éclats. Le 11 septembre 2001, l’effondrement des tours du World Trade Center met symboliquement fin au pouvoir supérieur des États-Unis dans le monde. En septembre 2002, Jacques Chirac prononce son discours de Johannesburg : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » Le 11 mars 2011, un tsunami déclenche l’accident nucléaire de Fukushima, alimentant l’anxiété mondiale et un catastrophisme de plus en plus affirmé. Certes, l’accord de Paris sur le climat est adopté en 2015, mais l’espoir d’une reprise en main de notre destin par la communauté mondiale s’effrite face aux lenteurs de la mise en œuvre.

Puisque les pouvoirs ne sont pas capables de saisir la portée de la métamorphose intellectuelle en cours, pourquoi ne pas tenter l’alliance du peuple et du savoir ?

Au cours de cette histoire, les rapports de la science et du politique n’ont cessé de se dégrader. Les rapports du Giec se succèdent, affinent leur diagnostic, actualisent leur pronostic et pressent les politiques sans être suffisamment entendus. En novembre 2017, quinze mille scientifiques de cent quatre-vingt-quatre pays lancent un cri d’alarme sur l’état de la planète6. Les manifestations se multiplient sur le climat, le nucléaire et la biodiversité. En France, les jeunes universitaires et les diplômés des grandes écoles s’engagent de plus en plus fortement. En 2018, à l’âge de 15 ans, Greta Thunberg lance une grève scolaire pour le climat et dénonce l’inaction collective devant les Parlements, les chefs d’État, les entrepreneurs réunis à Davos et l’Assemblée générale des Nations unies. Mais les élites continuent de faire la sourde oreille…

Dans un contexte où la science est de plus en plus complexe et où les gouvernements se déchargent de leurs responsabilités en faisant appel à des scientifiques pour faire passer des pilules ou justifier l’inaction, le couple du savant et du politique semble battre de l’aile, conduisant les réseaux sociaux à amplifier les rumeurs de collusion et les thèses complotistes les plus abracadabrantes. En ignorant les mutations en cours, le politique s’enferme dans un « camp de la raison » qui montre qu’il a perdu prise sur le monde contemporain.

C’est dans le contexte de ce divorce du savoir et du politique que prend place l’affirmation de la planète comme nouvelle épistémologie politique. Puisque les pouvoirs ne sont pas capables de saisir la portée de la métamorphose intellectuelle en cours, pourquoi ne pas tenter l’alliance du peuple et du savoir ? Des liens se tissent entre militants, innovateurs et scientifiques ; les mouvements féministes s’intéressent à la nouvelle frontière de l’écoféminisme ; les peuples premiers jettent un pont entre leurs cosmogonies traditionnelles et la nouvelle cosmologie scientifique. La « planète » pourrait ainsi signifier l’appropriation du savoir écologique par les citoyens, afin d’éviter la catastrophe et de défricher un nouveau chemin.

Un nouveau moment des Lumières ?

En 1784, Emmanuel Kant répond à la question posée par une société savante berlinoise, « Qu’est-ce que les Lumières ? » : « Les Lumières se définissent comme la sortie de l’homme hors de l’état de minorité où il se maintient par sa propre faute. La minorité est l’incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre. Elle est due à notre propre faute quand elle résulte non d’un manque d’entendement, mais d’un manque de résolution et de courage pour s’en servir sans être dirigé par un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières7. »

Par comparaison, on pourrait dire que la planète représente le moment où l’humanité prend conscience qu’elle ne peut pas s’en remettre aux élites pour conjurer les périls écologiques. Si cette hypothèse est la bonne, cela signifie qu’un idéal d’émancipation est à nouveau en train d’élargir l’horizon de la politique. Kant enjoignait à l’humanité d’échapper aux dogmes et de penser par elle-même. Il faisait suite à la publication de l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1751-1772) de Diderot et d’Alembert, couronnant des siècles d’affirmation de l’humanisme et de diffusion du savoir imprimé. Et il n’anticipait que de cinq ans la Révolution française… Nous serions face à une séquence comparable, faite de bouleversements dans l’ordre de la connaissance et d’aspirations à l’émancipation dans l’ordre de la politique.

L’enjeu écologique est tel que certains seraient prêts à abandonner la démocratie pour sauver la planète. Réduire la dimension « planète » aux dérèglements de la biosphère ne peut que déboucher sur des réglementations, des quotas et des interdits, ce que certains appellent l’« écologie punitive ». Pourtant, l’urgence est plutôt de repenser la liberté, au moment où nous semblons coincés entre la folie de la croissance à tout va et la tentation paranoïaque de l’hypersurveillance8.

La cause du numérique, en particulier, paraît compromise par le capitalisme prédateur des Gafam et la dictature du Big Brother chinois. Le discours sur l’immatériel se vide de sens quand on mesure l’empreinte écologique des data centers et des smartphones trop rapidement renouvelés. Les projets délirants de contournement des périls qui menacent la Terre par la colonisation massive d’autres planètes ou par une évasion dans le métavers déconsidèrent toute interrogation critique. Pourtant, en reprenant le fil d’une pensée complexe, il faut remarquer que les réseaux sociaux ont joué un rôle déterminant dans les mobilisations contre les dictatures, notamment lors des printemps arabes.

On peut également rebondir grâce au « catastrophisme éclairé9  » : en prenant conscience que l’on fonce droit dans le mur, on mobilise l’esprit vers une autre manière de raisonner et d’agir. « Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve », affirmait le poète Friedrich Hölderlin. Peu après la catastrophe de Tchernobyl, le sociologue Ulrich Beck annonçait l’abandon d’une vision linéaire du progrès au profit d’une modernité réflexive, dans laquelle la société saurait anticiper les risques et s’organiser pour les maîtriser10.

Une troisième piste enfin est celle de la prise en compte, si ce n’est d’une spiritualité, du moins d’un regard exigeant sur l’intériorité humaine. L’association de la transformation personnelle et de la transformation sociale est bien vivante dans plusieurs pays du Sud, notamment en Amérique latine avec la revendication du buen vivir. Les droits des peuples autochtones ne sont pas seulement reconnus au nom d’un principe de justice, mais aussi au nom d’un savoir respectueux de Pachamama, la Terre-Mère. Une telle piste, avec le foisonnement d’interrogations qu’elle autorise sur Teilhard de Chardin, Lovelock, l’ésotérisme ou le chamanisme, ne tourne-t-elle pas le dos à l’héritage des Lumières ?

Pourtant, l’auteur de la Critique de la faculté de juger était attentif à la manière qu’ont les hommes d’atteindre l’universel, non par des lois scientifiques ou des impératifs moraux, mais à travers des émotions partagées. Le champ politique est aujourd’hui bousculé par l’expression des émotions, notamment l’éco-anxiété de la jeunesse, et par la recherche de l’authenticité face à ce que Pierre Rosanvallon a récemment appelé les « épreuves de la vie11 ». Les réseaux numériques amplifient la puissance de cette intersubjectivité généralisée. C’est dans ce contexte que s’affirme un nouvel horizon politique d’émancipation : la planète.

  • 1. Voir, en particulier, Bruno Latour, Où atterrir ? Comment s’orienter en politique, Paris, La Découverte, coll. « Petits cahiers libres », 2017.
  • 2. Voir B. Latour et Nikolaj Schultz, Mémo sur la nouvelle classe écologique. Comment faire émerger une classe écologique consciente et fière d’elle-même, Paris, La Découverte, coll. « Les Empêcheurs de penser en rond », 2022.
  • 3. Max Weber, Le Savant et le Politique [1917-1919], éd. de Catherine Colliot-Thélène, Paris, La Découverte, 2003.
  • 4. Voir Edgar Morin, La Méthode I et II [1977-2006], Paris, Seuil, 2008.
  • 5. Voir Dennis Meadows, Donella Meadows et Jorgen Randers, Les Limites à la croissance (dans un monde fini) [1972], trad. par Agnès El Kaïm, Paris, Rue de l’échiquier, 2022. Le rapport, piloté par Dennis et Donella Meadows, s’appuie sur les méthodes développées par Jay W. Forrester au sein du département de cybernétique et de dynamique des systèmes du Massachusetts Institute of Technology. Le Club de Rome, qui en était le commanditaire, était un lieu puissant de rencontres et d’échanges entre scientifiques et industriels, présidé par un des dirigeants de Fiat, Aurelio Peccei.
  • 6. BioScience et Le Monde, 13 novembre 2017.
  • 7. Emmanuel Kant, « Réponse à la question : Qu’est-ce que les Lumières ? » [1784], à la suite de Critique de la faculté de juger, édition sous la dir. de Ferdinand Alquié, Paris, Gallimard, coll. « Folio Essais », 1989, p. 497.
  • 8. Voir Forum d’actions modernités, Repenser la liberté. En hommage à Éric Barchechath, Paris, Descartes & Cie, 2022. Voir aussi Philippe Lemoine, « Repenser la liberté », Esprit, mai 2021.
  • 9. Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé. Quand l’impossible est certain, Paris, Seuil, coll. « La Couleur des idées », 2002.
  • 10. Ulrich Beck, La Société du risque. Sur la voie d’une autre modernité [1986], trad. par Laure Bernardi, Paris, Aubier, 2001.
  • 11. Pierre Rosanvallon, Les Épreuves de la vie. Comprendre autrement les Français, Paris, Seuil, 2021.

Philippe Lemoine

Entrepreneur et essayiste, il a notamment publié Une révolution sans les Français ? Action citoyenne et transformation politique à l’âge numérique, éditions de l’Aube, mai 2018.  

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