
Le Kurde qui regardait passer les nuages de Fawaz Hussain
Incisif, s’ouvrant sur un hommage à Baudelaire et à ses nuages, le nouveau récit de Fawaz Hussain enjambe le temps sur quatre décennies et parcourt l’espace du Kurdistan syrien à Paris. Mobilisant un style à la fois acerbe et doux, il sonde la misère morale et physique qui se traduit tantôt par l’arrivisme de certains de ses compatriotes, tantôt dans les couloirs de la Pitié-Salpêtrière, ce sanctuaire de la « souffrance humaine ». La grandeur d’âme n’est pas pour autant absente de l’ouvrage, surtout dans le portrait que l’auteur fait de celle qui l’a abandonné, mais qui restera à jamais sa bien-aimée. Le « déroute de bon sens » que Hussain observe en Syrie se poursuit assurément à Paris et dans d’autres lieux d’exil par le deuil et l’amour brisé.