
Léontine Zanta d’Annabelle Bonnet
Histoire oubliée de la première docteure française en philosophie Préface de Geneviève Fraisse
Peut-on devenir en France la première femme docteure en philosophie, braver les préjugés misogynes de l’Université, professer le féminisme et achever sa trajectoire personnelle et intellectuelle dans le conservatisme social, le ralliement tacite à Vichy et la dénonciation des militantes féministes ? À lire l’ouvrage de l’historienne Annabelle Bonnet consacré à Léontine Zanta, tiré de sa thèse de doctorat, la réponse est positive. Poussée par son père à étudier la philosophie, patronnée par le sévère Gabriel Séailles et influencée par Henri Bergson, Léontine Zanta étudie à Paris dans un milieu exclusivement masculin, peu convaincu par la destinée philosophique de la jeune femme qui renonce au mariage et à la maternité. Le 19 mai 1914, à 42 ans, treize années après l’obtention de sa licence, elle devient docteure en philosophie, avec une thèse qui porte sur les liens entre le christianisme et le stoïcisme. Elle est publiée en 1917 et obtient le prix Marcelin-Guérin. Restant à l’écart de l’Université, Léontine Zanta s’investit dans le journalisme et le roman, qui la consacrent. Après la victoire du Cartel des gauches, la catholique frondeuse et émancipatrice conspue le féminisme non catholique et dérive vers le conservatisme social sous Vichy.