
La Science de la richesse de Jacques Mistral
Jacques Mistral nous offre une histoire de la pensée économique qui s’élève au niveau de celles de Joseph Schumpeter (Histoire de l’analyse économique, 1954) et de Mark Blaug (Economic History and the History of Economics, 1986), et dont il faut donc souhaiter une rapide traduction en anglais.
Elle présente une double originalité qui la rend très bienvenue. Le moment, tout d’abord. L’économie est à un tournant, à côté duquel les tournants keynésien et monétariste apparaîtront comme de petites oscillations. Il est déclenché par l’avalanche des données individuelles, de ménages et de firmes, provenant de capteurs divers aujourd’hui et, demain, de milliards d’objets connectés. Leur traitement avec des méthodes économétriques centrées sur la recherche – non seulement de corrélations, mais de causalités – occupe aujourd’hui la grande majorité des économistes et ébranle profondément les méthodes de la discipline et même son épistémologie. Nul ne saurait dire avec précision ce que va devenir la « science de la richesse ». Il est donc on ne peut plus opportun que Jacques Mistral nous propose un profond regard en arrière, un vaste tour d’horizon sur les origines des théories économiques et ce qu’il en est aujourd’hui de cette « science ».
Ensuite, l’auteur est l’un des fondateurs de l’école française de la régulation, avec Robert Boyer et Michel Aglietta, développée par bien d’autres. Il est donc sensible aux questions d’«