
Au-delà de la transparence de l’information, contrôler la liquidité
Du sommet de l’État au plus modeste des commentateurs, on n’entend plus désormais qu’un seul mot d’ordre, répété par tous : « Il faut réguler. » Ce violent retournement a quelque chose de pernicieux par son unanimisme même qui n’est pas sans rappeler la logique financière elle-même dans sa propension à focaliser les opinions dans un même sens en étouffant les estimations discordantes. « La sagesse universelle enseigne qu’il vaut mieux pour sa réputation échouer avec les conventions que réussir contre elles » disait déjà Keynes pour expliquer le poids excessif du conformisme boursier.
Autrement dit, contrairement à bien des idées reçues, les marchés boursiers ne réussissent pas à produire des opinions contrariantes ; ils favorisent indûment le mimétisme des investisseurs. Non pour d’obscures raisons de psychologie des foules mais parce que c’est là ce que dicte la rationalité. Prendre parti contre les évolutions de long terme du marché est une stratégie trop risquée. Tous voulaient les taux de profit exorbitants que procuraient le marché des subprimes et ses dérivés. Sinon il valait mieux faire un autre métier. Quand tout va bien, ce conformisme donne les périodes d’euphorie et les bulles spéculatives ; quand tout va mal, cela donne la défiance généralisée et le refus d’investir ailleurs que dans les actifs les plus sûrs.
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