
Poutine, chef de guerre
Marie Mendras
Le 7 mai 2018, Vladimir Poutine est une nouvelle fois investi président de la Russie dans la forteresse du Kremlin. Sous les ors de la salle du Trône, le président reçoit les félicitations de son clan, des dignitaires et de Gerhard Schröder[1]. La reconduction de Dmitri Medvedev à la tête du gouvernement est confirmée, ainsi que la nomination de ses vice-Premiers ministres, tous des serviteurs loyaux. Le surlendemain, Vladimir Poutine préside le défilé militaire pour fêter l’anniversaire de la victoire russe sur l’Allemagne nazie. Cette année encore, la mise en scène et le discours martial sur la place Rouge ont pour but de montrer que la Russie est prête à la guerre.
Cependant, quatre jours plus tôt, le 5 mai, la rue était protestataire. À l’appel d’Alexeï Navalny et des mouvements d’opposition, des manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes. La répression a été brutale : plus de 1 600 personnes, dont des jeunes, ont été arrêtées, 23 journalistes ont été molestés et/ou arrêtés. Le scénario est le même que le 6 mai 2012 quand, sur la place Bolotnaïa, des dizaines de milliers de citoyens avaient protesté contre une élection malhonnête et un gouvernement « de voleurs et d’escrocs ». La répression avait été implacable, de nombreux manifestants avaient été condamnés, certains purgent encore leur peine de prison aujourd’hui.