
Quand le faux met le feu. Le mensonge politique de Poutine
En temps de dictature et de guerre, le mensonge politique devient une arme. Par son inversion des rôles, il livre parfois le programme du menteur. Mais le travail du mensonge opéré par Poutine a été sapé par la politique américaine de vérité et par la communication de la résistance ukrainienne.
La volonté de Vladimir Poutine de « dénazifier » l’Ukraine comme justification de son invasion est significative de toute une histoire du mensonge politique. En Russie, les héroïques manifestants contre cette guerre et les personnes susceptibles de faire circuler les informations venues du front, journalistes étrangers compris, sont passibles de quinze ans de prison (où la torture est systématique). Le pouvoir russe envisage également de déconnecter Internet. Cette criminalisation de la liberté d’informer démontre l’enjeu, crucial pour un pouvoir criminel, de cacher ses crimes à sa population : une seule version des faits circulera, selon laquelle ce sont « les nationalistes ukrainiens » qui bombardent et massacrent les civils de leur pays. Des séquences vidéo montées de toutes pièces seront abondamment diffusées pour convaincre de cette inversion de la réalité.
L’arme du mensonge
En 1943, Alexandre Koyré écrit : « On n’a jamais menti autant que de nos jours. Ni menti d’une manière aussi éhontée, systématique et constante. » Et d’ajouter : « Le régime totalitaire est essentiellement lié au mensonge. Aussi n’a-t-on jamais autant menti en France que depuis le jour où, inaugurant la marche vers un régime totalitaire, le maréchal Pétain a proclamé : “Je hais le mensonge”1. » Le ton de conviction, le bloc de certitu