
Rescapée du goulag chinois de Gulbahar Haitiwaji et Rozenn Morgat
Lire le récit de Gulbahar Haitiwaji, c’est à la fois comprendre la mécanique du quotidien d’un système concentrationnaire moderne, et prendre la mesure de l’ampleur et de la sophistication du génocide que tentent les dirigeants chinois contre le peuple ouïgour.
Après les témoignages d’Alexandre Soljenitsyne ou Varlam Chalamov sur le goulag stalinien, Simone Veil, Elie Wiesel, Jorge Semprún et tant d’autres sur les camps nazis, Gulbahar Haitiwaji apporte un nouveau chapitre au récit universel de l’enfermement.
Son témoignage sur les prisons chinoises et les camps de rééducation du Xinjiang stupéfait par la constance de l’imagination des bourreaux. Les techniques chinoises de ce début de siècle n’ont d’évidence rien à envier ni rien à apprendre de celles que rapportent les témoins revenus de camps. Il y a comme une sorte d’universel de la torture pour ceux dont l’objectif n’est pas (seulement) de tuer, mais (aussi) plus subtilement d’anéantir. La privation de sommeil et de nourriture, la perte de tout repère temporel jusqu’à ne plus savoir ce qu’est une heure, confondre les jours et se perdre dans le compte du temps constituent les bases de la déconstruction des individus.
Ce qui paraît un ajout assez spécifiquement chinois, c’est la tentative d’endoctrinement : remplacer toute mémoire par des chants patriotiques et des morceaux de phrases sans cesse répétés, à la gloire du régime et de son président. Il y a aussi la déchéance physique