
Ce sable sur lequel on bâtit. La politique française au Sahel
Alors que la France a annoncé la fin de l’opération Barkhane, à laquelle doit succéder le déploiement d’une force internationale, les intervenants s’interrogent sur les difficultés rencontrées par la France au Sahel, la réorientation vers une stratégie de guerre à distance pour contenir les groupes terroristes, et l’absence de contrôle démocratique concernant les opérations extérieures.
L’opération Barkhane a sans doute représenté l’engagement le plus ambitieux des forces françaises en Afrique1. Comment interpréter la décision, annoncée en juin dernier par le président de la République, de réduire de moitié ses effectifs au profit des forces spéciales et d’un appui en renseignement et dans les airs ?
Jean-Baptiste Jeangène Vilmer – Il ne s’agit pas de partir, mais de se redéployer différemment, c’est-à-dire de s’adapter. De ce point de vue, c’est une décision lucide et réaliste, au sens où elle tient compte des contraintes de la réalité. En effet, en dépit des efforts et des sacrifices consentis par les hommes et les femmes déployés et des gains tactiques obtenus, l’opération Barkhane n’a pas permis d’obtenir une victoire stratégique. Tout simplement parce que cette victoire ne dépend pas d’elle : la force armée est nécessaire mais insuffisante. Les gains opérationnels qu’elle produit doivent être consolidés par les États sahéliens qui sont les seuls à pouvoir stabiliser durablement la région. Cela implique des capacités, mais aussi et surtout une volonté politique de s’investir dans certaines régions – par exemple, le nord du Mali – qui, en l’occurrence, semble faire défaut.
Ensuite et au-delà du cas français, la tendance à privilégier une stratégie de présence minimale (light footprint), en réduisant