
20 livres lus par Esprit en 2022
« Dans le déferlement des publications, il nous paraît salubre de retenir de temps en temps un livre afin de lui consacrer une lecture attentive », écrivait l’équipe d’Esprit en novembre 1963. Alors que le déferlement n’a cessé de s’accélérer, nous refaisons nôtre cette exigence de la lecture attentive de quelques ouvrages qui comptent, au service d’une meilleure compréhension de notre présent.
![]() | L’âge soviétique. Une traversée de l’Empire russe au monde postsoviétique de Alain Blum, Françoise Daucé, Marc Elie et Isabelle Ohayon, Armand Colin, 2021Recension d’Hamit Bozarslan « L’Âge soviétique propose une remarquable synthèse de l’histoire soviétique au cours du xxe siècle. L’ouvrage s’attarde en particulier sur la première révolution de 1905 et souligne ses conséquences sur l’ensemble de la société russe. » |
![]() | Race et histoire dans les sociétés occidentales (xve-xviiie siècle) de Jean-Frédéric Schaub et Silvia SebastianiRecension de Magali Bessone « Jean-Frédéric Schaub et Silvia Sebastiani révèlent l’importance des assignations raciales et des hiérarchies fondées sur ces assignations dans l’élaboration des structures politiques européennes. D’une grande érudition, l’ouvrage propose d’extraire la question de la race et du racisme du cadre strictement étatsunien auquel on la réduit trop souvent. » |
![]() | Écologie et démocratie de Joëlle Zask, Premier Parallèle, 2022Recension de Pierre Cilluffo Grimaldi « Joëlle Zask offre un propos intelligemment radical devant les nécessaires changements d’avenir. En même temps, elle se montre critique des faux-semblants et impasses des appels à enterrer la démocratie pour l’écologie. Sa pensée, transdisciplinaire et ouverte, approfondit la notion de démocratie devant les défis environnementaux. » |
![]() | Les Foudres de Nietzsche de Jacques Bouveresse, postface de Jean-Jacques Rosat, Marseille, Hors d’atteinte, 2021.Recension de Bernard Perret « Jacques Bouveresse se demande comment on a pu oublier la violence réactionnaire de Nietzsche. Et il regrette que Foucault s’appuie sur Nietzsche pour confondre la vérité avec les abus de pouvoir commis en son nom. Une telle confusion encourage en effet la défiance à l’égard de la science. » |
![]() | Mes sept familles de Jacques Réda, Fario 2022Portrait par Amaury Nauroy « À l’occasion de la sortie aux éditions Fario du dernier livre de Jacques Réda, Mes sept familles, dans lequel il évoque l'univers de sept auteurs qui ont compté pour lui, Amaury Nauroy fait le portrait sensible de cet écrivain singulier, à la fois poète, flâneur, portraitiste hors-pair et critique de jazz, qui fut également rédacteur en chef de la NRF. » |
![]() | Par une espèce de miracle de Justine Augier, Actes Sud, 2021.Recension d’Olivier Mongin « Ayant été écrite après la vague de réfugiés venus de Syrie, d’Irak et du Moyen-Orient en 2015 et publiée un an avant l’invasion de l’Ukraine par Poutine le 24 février 2022, cette enquête parle d’une seule et même chose, la possibilité pour le réfugié de trouver temporairement un monde, d’habiter quelque part. » |
![]() | Le jeune homme de Annie Ernaux, Gallimard, 2022Recension de Blandine Merle « Le Jeune Homme, le dernier récit d’Annie Ernaux, raconte son histoire d’amour avec un homme de trente ans de moins qu’elle, et qui joua un rôle inattendu dans sa décision d’écrire sur son avortement clandestin en 1963. Le jeune homme devient le dernier passeur de cet acte, et l’écriture ce qui permet aux choses d’aller « jusqu’à leur terme ». |
![]() | Moi aussi de Irène Théry, Seuil, 2022Recension de Jean-Louis Schlegel « Selon Irène Théry, le mouvement #MeToo a permis de dévoiler la violence encore présente derrière les pratiques et les discours hérités de la révolution sexuelle des années 1960-1970, et de poser la question du consentement dans la relation sexuelle. Dans son ouvrage Moi aussi l’autrice retrace la longue généalogie historique de ces questions, et observe l’émergence d’une « nouvelle civilité sexuelle » fondée sur la conversation. » |
![]() | Les pas de Paul de Roux, Le silence qui roule, 2022Recension de Jean-Pierre Lemaire « Trop peu connue, l’œuvre poétique de Paul de Roux n’en résonne que plus fort pour les lecteurs qui la découvrent. Elle peut désormais compter sur la réédition de l’un de ses recueils les plus importants, Les Pas, qui développe une poésie de fraîcheur et de lumière, qui laisse affleurer le mythe et la grâce derrière l’ordinaire. » |
![]() | Souveraineté, l’obsession des nations de Nicolas Leron, Bouquins 2022 Recension de Jeanne Bardoux « En contrepoint des grands discours souverainistes, l’ouvrage de Nicolas Leron fait des propositions pour construire une puissance publique européenne, tout en conservant la souveraineté des nations. » |
![]() | Il n’y a pas de cheval sur le chemin de Damas de Florence Delay, Seuil, 2022Recension de Pascal Riou « Ce qui pourrait sembler, à première lecture, pur vagabondage ou libre association d’esprit s’avère secrètement aimanté. Par un rythme d’écriture singulier d’abord, et par un fil d’Ariane : celui de la compagnie des animaux, avec les personnages de la Bible et de la vie des saints. » |
![]() | L’oiseau rare de Guadalupe Nettel. Traduit par Joséphine De Wispelaere, Dalva, 2022Recension de Philippe Ollé-Laprune « Le livre surprend par le caractère calme et précis de la langue. Il n’y a pas d’épanchement lyrique ni de facilité dans ces approches de l’affection maternelle. La grande interrogation reste celle de sa légitimité : est-elle naturelle ou construite ? » |
![]() | Le numérique contre le politique d'Antoine Garapon et Jean Lassègue, PUF 2021Recension de Pierre-Antoine Chardel « Antoine Garapon et Jean Lassègue interprètent les transformations contemporaines comme un conflit entre espace et hors-espace, qui affecte en profondeur la notion même de légalité et avec elle l’ensemble des rapports sociaux. » |
![]() | Lénine a marché sur la lune. La folle histoire des cosmistes et transhumanistes russes de Michel Eltchaninoff, Acte Sud, 2022Recension de Benjamin Tuil « Michel Eltchaninoff voit dans le cosmisme une tentative originale d’humaniser la science, de la sortir du « scientisme occidental » pour la mettre au service d’un idéal, celui de la réconciliation de l’homme avec l’univers. » |
![]() | Une énigme française. Pourquoi les trois quarts des Juifs de France n’ont pas été déportés, de Jacques Sémelin avec Laurent Larcher, Albin Michel 2022Recension de Camille Braune « En apportant ce nouvel éclairage sur la France sous l’Occupation, Jacques Semelin rappelle qu’il ne s’agit en rien de blanchir le régime de Vichy, son analyse venant au contraire le condamner “ une seconde fois“ » |
![]() | Tous ceux qui tombent. Visages du massacre de la Saint-Barthélemy de Jérémie Foa, La Découverte, 2021Recension d’Édouard Galby-Marinetti « Dans cette étude d’un volontarisme rare, le massacre de la Saint-Barthélemy est restitué à travers une composition de micro-enquêtes multifocales et transclassistes, de Paris à la province : nous pistons une nation prise dans une guerre civile qui ne s’avoue pas. » |
![]() | Archipel de Inger-Maria Mahlke. Traduit par Marie-Claude Auger, Métailier, 2022Recension de Sylvie Bressler « Dans ce roman, prix des libraires de la foire de Francfort 2018, Inger-Maria Mahlke invite à feuilleter sur une centaine d’années l’évolution politique et économique de l’Espagne, telle qu’elle est vécue dans l’archipel des Canaries par des familles aux origines sociales éloignées. » |
![]() | L’animal et la mort de Charles Stépanoff, La découverte 2021Recension de Jérémie Denicourt « Charles Stépanoff livre une étude ethnographique de la violence exercée par les humains sur les animaux. Il dévoile la relation qu’entretiennent les mesures de restriction de la chasse avec la souveraineté politique, en assurant au monarque le monopole de la confrontation avec l’animal sauvage, dont l’ingestion permet l’attribution de sa puissance. » |
![]() | Le tacite, l’humain. Anthropologie politique de Fernand Deligny de Catherine Perret, Seuil, 2021Recension de Jonathan Chalier « Catherine Perret déploie, en une fresque magistrale, l’anthropologie politique qui sous-tend la clinique singulière de Fernand Deligny auprès des enfants et des adolescents, fondée sur le seul sentiment d’appartenance à l’espèce humaine. Cet ouvrage arrive à point nommé, le secteur pédopsychiatrique en France connaissant une crise grave. » |
![]() | Le génie des Modernes. La musique au défi du xxie siècle de Lionel Esparza, Premières Loges, 2021Recension de Carole Desbarats « Le dernier livre de Lionel Esparza, Le Génie des Modernes, explique le déclin de la musique savante à partir du xxe siècle par un processus de désacralisation progressive, couplé à la démystification du rôle du musicien dont on attend désormais qu’il se rende utile dans la société sécularisée. » |